Un test ADN sur une statue chinoise

L’idée semble improbable, mais c’est ce à quoi ont mené les découvertes à propos d’une statue de Chine représentant un bodhisattva. La statue a d’abord été transportée de Chine jusqu’aux Pays-Bas pour y subir des examens approfondis. C’est ensuite jusqu’à la ville d’ Amersfoot qu’elle sera acheminée, où elle subira des examens d’imagerie au centre médical de Meander sous la supervision d’Erik Brujin. Quelle ne fut pas alors la surprise des scientifiques du Drents Museum d’Amsterdam comme de l’équipe médicale, lorsqu’ils découvrirent que la statue était en vérité une momie ! Les techniques d’imagerie médicale ont en effet révélé qu’à l’intérieur de ce qu’on pensait n’être qu’une statue, se cachait le corps momifié d’un bodhisattva. L’équipe de chercheurs s’est alors mis en tête d’effectuer des recherches plus profondes pour comprendre la vraie nature de cet objet. Toujours est-il que le cas est unique, en tout cas en Occident, puisque cet exemplaire rarissime est le premier à avoir quitté le territoire chinois.

Et puisque la statue contenait un corps humain, quoi de plus logique que de procéder à des prélèvements afin de faire un test ADN complet ? C’est donc par une endoscopie que les scientifiques prélèveront des fragments d’os, mais aussi de tissus. Fait autrement plus remarquable les chercheurs trouveront des fragments d’origine génétique inconnue, mais également des rouleaux de papier avec des écritures remplaçant certains organes du moine. Les tests ADN en apprendront alors plus sur la statue, mais aussi sur l’homme à l’intérieur. Les tests suggèrent d’ailleurs de manière assez glauque que cette statue serait le résultat d’une auto-momification. L’origine (de ce spécimen particulier en tout cas) remonterait entre le XIème et le XIIème siècle, soit il y a presque 1000 ans. On pense pour le moment qu’il pourrait s’agir de Liuquan, un moine bouddhiste mort il y a un millénaire.

Au vu de l’état du corps, de la conservation des tissus et des sources historiques attestées sur le sujet, on suppose que Liuquan aurait procédé à sa propre momification en plusieurs années. Il aurait ainsi pendant plus de 1000 jours mangé des noix et des baies en se soumettant à d’intenses activités physiques, afin de perdre le plus possible de graisse corporelle. Le régime des 1000 jours qui suivaient se composait de racines et d’écorces. Puis peu avant leur mort, ils ingéraient un thé préparé à partir de l’arbre urushi (typique de l’Himalaya), dont la toxicité entraînait de forts vomissements et une perte de poids vertigineuse. L’absorption de ce thé servait également à éviter que le corps ne soit envahi par les vers après la mort, ce qui vise clairement à une conservation par momification. À l’article de la mort, le bodhisattva entre alors dans un cercueil pouvant à peine le contenir en position du lotus. De là, il y restera en état de méditation et y respirera par un fin tuyau de roseau jusqu’à sa mort, annoncée par une clochette qu’il tient dans la main et fait tinter tant qu’il est encore en vie. Le tombeau est ensuite scellé pendant un millier de jours, afin de procéder à un deuil rituel. À la fin de ce laps de temps, le cercueil est ouvert et on vérifie si le corps est apte à être momifié ou non. Si c’est le cas, le corps du moine sera momifié, statufié et glorifié dans un temple bouddhiste.