Il faut bien faire ici la différence entre un test de paternité légal et un test de paternité de curiosité :

  • Le test de paternité légal est celui qui est exécuté dans le cadre d’une procédure civile. Il est ordonné par un juge, et de ce fait vaut comme argument de poids pour prouver ou contester la paternité d’un enfant en justice. Effectué dans un laboratoire agréé par décret ministériel, c’est le seul type de test de paternité qui a force probante aux yeux de la justice française.
  • Le test de paternité de curiosité est celui que l’on achète sur internet, en pharmacie, ou en contactant directement un laboratoire privé. Dans la mesure ou ces laboratoires ne font pas l’objet d’agrément ministériel, les résultats des tests de paternité qu’ils délivrent ne sont pas reconnus par la justice en France.

Concrètement, cela signifie que le test de paternité privé/de curiosité n’a aucune valeur en justice ; d’une part car il est interdit d’y avoir recours en France, et d’autre part car il n’est pas effectué en laboratoire agréé par le ministère de la Justice. Attention : cela ne présume en rien de la qualité d’un tel test de paternité, qui peut même parfois s’avérer plus fiable et plus pointu qu’un test de paternité judiciaire. En effet, le nombre de marqueurs analysés peut être largement supérieure à celui utilisé par la science forensique ou les laboratoires mandatés par la justice. Toutefois, il semble logique que les résultats d’un test de paternité privé ne peuvent être pris en compte par principe, puisqu’ils sont interdits par les lois bioéthiques françaises.

Outre cela, la procédure judiciaire du test de paternité présente l’avantage indéniable de la certitude des participants, contrairement à un test de curiosité ou il est facilement possible d’échanger, inverser ou trafiquer des échantillons. On se souvient dans ce cadre de l’affaire encore récente où trois français ont tenté d’enlever une jeune fille (qui ressemblait trait pour trait à celle de l’auteure du kidnapping) en Serbie pour modifier les résultats d’un test de paternité judiciaire. L’opération a échoué, mais montre toutefois qu’il est plus compliqué de falsifier un test de paternité judiciaire qu’un test de curiosité.

Il reste que les résultats d’un test de paternité de curiosité sont en eux-même aussi fiables que ceux d’un test de paternité judiciaire. Bien qu’ils ne peuvent être utilisés en tant que tels, ils peuvent servir de bon indicateur afin de lancer une procédure ou au contraire en éviter les lourdeurs pour négocier à l’amiable.