Contrairement au test de paternité légal, le test de paternité de curiosité ne nécessite pas de contrôle d’identité. En fait, le système est déclaratif puisque les participants y prennent la responsabilité de mentir ou non. Ce faisant, il y est beaucoup plus facile de frauder que lors d’un test de paternité en laboratoire agréé (ce qui implique des contrôles multiples, un personnel formé spécifiquement…). La tentation est donc aussi grande que la ligne est facile à franchir. Les cas de participants manipulant un test de paternité en un sens ou en un autre reviennent d’ailleurs régulièrement, même s’ils ne constituent pas la majorité des clients rencontrés. Ce dernier point pose très justement une question intéressante : comment font les laboratoires privés pour savoir quand il y a fraude, alors qu’ils fonctionnent sur un système purement déclaratif ? La réponse est relativement simple : elle tient à une alliance entre l’incompétence totale des fraudeurs et l’expertise des laborantins. Concrètement, qu’est-ce que cela peut donner pour un test de paternité lambda ?

Il se peut par exemple qu’un client veuille à tout prix pouvoir montrer un test de paternité positif, peu importe la réalité biologique. Pour cela, il va manipuler les échantillons pour que la comparaison des ADN trouve un lien entre les deux participants. Typiquement, c’est le cas d’une mère ajoutant son propre ADN dans l’enveloppe dédiée au père présumé. De là, le laboratoire est supposé trouver un lien de filiation, et la mère en question peut exhiber un test de paternité positif à un père présumé qui n’aura même pas participé au test. Au stade théorique, l’idée peut paraître brillante, mais elle est rapidement brisée par la réalité des laboratoires. Il est évident que des tests de conformité des échantillons sont effectués préalablement, bien que les offres commerciales ne jugent pas nécessaire de forcément le préciser. Pour un test de paternité, on attendra donc un ADN mâle dans l’enveloppe attribuée au père présumé. Si dans cette enveloppe le laboratoire reçoit un ADN de femme, c’est potentiellement une fraude, mais aussi une interversion ou une contamination. Quoiqu’il en soit, le test de paternité ne sera pas considéré comme faisable, et il faudra renvoyer des échantillons valables. Ne songez pas non plus à prendre un échantillon non-standard sur votre chien ou votre hamster (exemples véridiques) : le laboratoire contrôle également si l’ADN en présence est humain.

Une fois ces limites passées en revanche, il reste possible de tricher à un test de paternité privé. Le laboratoire ne pourra pas faire la différence entre l’ADN du voisin, du facteur ou du garagiste. Pour lui, ces trois échantillons constitueront des discordances de paternité. Il est donc tout à fait possible d’envoyer l’ADN d’un autre à sa place lorsqu’on est père afin que le test ne détecte pas les liens de parenté. Cette manœuvre est toutefois à double tranchant, puisque le test de paternité de curiosité n’est suivi d’aucun effet juridique. Pour cela, il faut engager une procédure devant le tribunal civil, qui demandera son propre test de paternité pour décider. Là, il semble très probable que la supercherie soit percée à jour, puisqu’il sera beaucoup plus difficile de frauder que pour un test de paternité commandé sur internet. En conclusion, cela vaut-il vraiment le coup de tricher à un test de paternité ? Vraiment pas selon nous, il faut continuer de prendre le test de paternité privé pour ce qu’il est : un outil informatif.