Après les chiens et les serpents, c’est au tour des tortues de passer l’épreuve du test de paternité.   Ce n’est non pas qu’il y ait là matière à porter une action en contestation de la filiation paternelle, mais à étudier la manière dont ces animaux se reproduisent. En effet, les tortues s’accouplent à plusieurs partenaires, et gardent leur semence en réserve. Cette préservation peut être portée jusqu’à plusieurs années dans les cas les plus impressionnants que l’on aie vue aujourd’hui. On suppose que cette capacité vient d’une évolution naturelle due à la rareté des partenaires dans une zone circonscrite. De ce fait, les tortues conserveraient la semence mâle à chacun de leur rapport pour pallier au risque de ne pas retrouver de partenaire. Par ailleurs, cette capacité à conserver le sperme pour ensuite s’en servir pour se féconder a parfois induit en erreur les scientifiques : dans la mesure où cette méthode fait parfois voir des tortues pondre des œufs après plusieurs années sans rapport, la chose a pu laisser penser que ces animaux étaient capables de parthénogenèse. Il n’en est toutefois rien, et c’est la première chose que les découvertes sur la reproduction des tortues ont tendu à montrer.

Pour aller plus loin, c’est le test de paternité qui est utilisé ; et au delà de la simple preuve scientifique d’une filiation, c’est la manière dont la semence mâle agit que l’on souhaite étudier ici. Comme expliqué plus haut, les tortues ont des relations multiples avec plusieurs partenaires, dont elles stockent à chaque fois la semence. Or, on pensait auparavant que l’ordre de fécondation par cette semence était tout simplement l’ordre inverse des rapports sexuels. Les tests de paternité ont montré qu’il n’en était rien, comme le relate une étude parue dans Behavioral Ecology and Sociobiology :

http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00265-012-1447-8#page-1

La nouvelle théorie pour expliquer ce phénomène penche plutôt vers l’idée de viabilité du sperme. Les tortues utiliseraient non pas la semence la plus récente, mais au contraire celle qui est la plus proche de ne plus être utilisable. C’est ce qu’il ressort de tests de paternité portés sur 16 différents groupes de spécimens. Ce modèle permet de mieux coller à la réalité constatée de la reproduction de cette espèce. En outre, elle semble plus logique que la théorie précédente, puisqu’une telle utilisation du sperme conservé relève d’une optimisation des moyens de fécondations, qui correspond à un environnement où les partenaires sexuels sont rares.