Par définition, la réponse semble aller d’elle-même : un test de paternité vise à comparer l’ADN d’un enfant avec celui d’un géniteur supposé, pour ensuite confirmer ou non les rapports entre eux. Pourtant, il existe de nombreux cas ou l’ADN du père présumé n’est pas disponible. On se souvient entre autres de l’affaire Yves Montand, ou le corps du chanteur avait dû être exhumé. De là, l’interprétation du « consentement » au prélèvement dans la loi française s’est faite de plus en plus restrictive. En effet, c’est la famille d’Yves Montand qui avait à l’époque accepté qu’on procède à des prélèvements sur le corps pour faire un test de paternité, alors que l’intéressé s’y était toujours opposé de son vivant.

Dans de tels cas, comment faire pour tout de même pouvoir procéder à un test de paternité ? De nombreux moyens détournés existent. On se souvient par exemple des actions en recherche de filiation menées successivement par Alberto Sola et Ingrid Sartiau pour faire reconnaître leur filiation avec l’ex roi d’Espagne, Juan Carlos. Ce dernier ayant refusé, et ayant été protégé dans son refus par la cour constitutionnelle, des biais ont dû être trouvés. Ingrid Sartiau et Alberto Sola ont donc procédé non pas à un test de paternité, mais à un test ADN pour établir leurs liens fraternels. La thèse de leur paternité royale n’en fut que renforcée, puisque ces deux inconnus (qui se sont connus grâce à l’écho de leurs démarches dans la presse) se sont révélés génétiquement frère et sœur, alors qu’ils n’ont aucun autre proche en commun que leur potentielle paternité avec Juan Carlos.

À un niveau plus modeste, il est possible de passer par ces mêmes biais pour un test de paternité privé en l’absence de prélèvement du père (que ce soit par refus ou par impossibilité d’obtenir un échantillon, comme lors d’une disparition). Au lieu de prélever l’ADN du père, c’est l’empreinte génétique d’un ou plusieurs membres de la lignée paternelle qui sera prélevé pour effectuer le test de paternité. Idéalement, celui du grand-père et de la grand-mère paternels (donc le père et la mère du géniteur présumé de l’enfant). Par la multiplication des participants au test de paternité et la méthode d’isolation de l’ADN qui en découle, cette méthode entraîne quasi-systématiquement un surcoût auprès du laboratoire. En revanche, elle comporte l’énorme avantage de permettre un test de paternité avec l’accord de tous les participants, et ce même si paradoxalement le père n’est pas d’accord pour se soumettre au test de paternité.