C’est au cours d’une étude de routine que cette surprenante découverte a été faite. Des chercheurs ont procédé à un test de paternité en masse sur la population de poissons-scies en Floride. L’espèce étant en voie de disparition, sa population s’est drastiquement réduite depuis quelques années. C’est pourquoi plusieurs test de paternités ont été menés afin de contrôler la diversité génétique qui régnait dans cette population animale. La surprise des chercheurs a été de taille lorsqu’ils ont constaté que 3% des individus n’avait aucune trace de filiation paternelle dans son ADN. Ils ont donc cherché à en savoir un peu plus, puis ont publié les résultats de leur étude sous le nom de « Facultative parthenogenesis in a critically endangered wild vertebrate » (« La parthénogenèse facultative chez un vertébré sauvage en danger d’extinction imminente). Cette dernière est disponible ici.
L’hypothèse est qu’en raison d’une reproduction de plus en plus difficile liée à leur extinction progressive, les poissons-scie se sont adaptés. Il se seraient alors passés de la présence de mâles en ayant recours à une reproduction asexuée. Si le cas finit par être avéré, il constituera l’un des rares exemples de parthénogenèse que l’on a à ce jour dans le monde animal.
Ici, la parthénogenèse consiste en la fécondation d’un ovule par la fusion avec un autre ovule. Plus besoin de matériel génétique masculin donc : la reproduction est asexuée. C’est la raison pour laquelle aucun test de paternité sur les sujets concernés n’a pu trouver de matériel génétique hérité d’un spécimen masculin. L’hypothèse se tient lorsqu’on constate que tous les poissons-scies concernés sont des femelles. L’étude n’a cependant pas pu déterminer si ces dernières étaient aptes à se reproduire, car il faut plusieurs années à cette espèce pour arriver à maturité. Un tel mode de reproduction serait apparemment la réponse de cette espèce à l’extinction qui la guette. Si elle permet un enfantement sans fécondation par un mâle, cette parthénogenèse a aussi l’inconvénient de grandement limiter la diversité génétique au sein de l’espèce. Des problèmes peuvent donc se présenter, notamment en ce qui concerne l’adaptation génétique de l’espèce au fil des générations : c’est systématiquement le même schéma génétique qui est reproduit, puisque la femelle féconde un ovule par fusion avec un autre ovule strictement identique.