Le test de paternité est-il obligatoirement un test ADN ?

Au sens strict, oui. Néanmoins, il faut savoir ce que l’on entend par « test ADN ». Si l’on induit par là qu’il s’agit de toutes les méthodes visant à étudier les liens génétiques entre deux individus et la transmission des gènes d’une génération à l’autre, alors oui, le test de paternité est un test ADN. Si en revanche on envisage le « test ADN » dans une acception moderniste, alors la réponse est non : le test de paternité n’est pas uniquement une histoire de prélèvements buccaux envoyés en laboratoire pour analyse.

Pour mieux comprendre le propos, il faut remonter bien avant l’invention du test ADN. Il va de soi que les soupçons sur la paternité datent des origines même de la société humaine. Le droit romain disait déjà « Mater semper certa est” (littéralement : “La mère est toujours certaine”). Cette cosnidération renvoie au simple constat que la mère peut difficilement cacher ou nier sa maternité, puisqu’elle porte l’enfant et le met au monde. Par raisonnement a contrario, cet adage juridique induit que le père, lui, est incertain. C’est pourquoi plus tard, le droit au moyen-âge développera en quelque sorte un test de paternité fondé sur des outils juridiques qui visent à déterminer si un homme est le père d’un enfant ou non. Cet outil se fondera sur trois critères bien définis que sont le nomen, la fama et le tractatus :

– Le nomen : c’est le nom que porte l’enfant, préférablement celui de son géniteur s’il en est le fils

– La fama : c’est la réputation, le fait d’être considéré comme le fils d’untel par la famille, le voisinage, la société…

– Le tractatus : c’est le traitement, c’est à dire le fait d’être traité par le père présumé comme un fils biologique

Si ces trois éléments étaient réunis, on estimait qu’il y avait “possession d’état”, et on reconnaissait donc la paternité. Mais un regard plus attentif sur ces critères montrera qu’il est très bien possible d’élever un enfant comme son fils, sans que celui ci soit pour autant un réel descendant génétique. C’est ainsi que de tous temps des rumeurs d’infidélité ont pu naître quant à des enfants ressemblant uniquement à un seul des parents, voire à aucun des deux ; mais s’il n’existait pas de test génétique comme actuellement, comment pouvait-on procéder à un « test de paternité » ?

Des méthodes rudimentaires – toujours basées sur l’hérédité génétique – sont venues en aide à ceux qui ont des doutes. C’est de cette façon que les recherches sur les gènes récessifs ont été portées vers les tests de paternité. De manière schématique, l’expression de certains gènes sera occultée par d’autres de manière quasiment systématique selon les cas envisagés. Un enfant né de parents aux yeux marrons aura ainsi très peu de chances d’avoir les yeux verts. De même, un enfant dont les parents sont du groupe sanguin A ne pourra pas être du groupe AB. Si c’est le cas, alors la filiation de cet enfant devient incertaine. Cette méthode porte toutefois des inconvénients de précision, puisque l’on a récemment pu voir le cas d’une femme noire accoucher d’un enfant parfaitement blanc, ce qui avait une chance sur un million de se produire. Pour cette raison, les tests de paternité modernes utilisent des marqueurs bien précis, et leur fiabilité augmente avec le nombre de marqueurs génétiques étudiés entre le père et l’enfant.