C’est un paradoxe qui ne manquera pas de frapper la personne ayant recours au test de paternité en laboratoire privé : de nombreuses mentions sur le rapport d’analyse rappellent que les résultats ne sont pas fiables à 100%, n’ont pas force de loi… mais pourquoi ? Si l’on répète à longueur de temps que le test de paternité est la méthode la plus sûre de prouver une filiation, que le protocole scientifique y est très strict et les laboratoires de plus en plus compétents, à quoi sert-il de prendre tant de précautions qui pourraient indiquer un manque de fiabilité (ce qui n’est en fait pas le cas comme nous le verrons) ?

Beaucoup de choses tiennent pour partie au cadre de tels tests de paternité. La majeure partie de tels tests de paternité précisent sur le feuillet de résultats « test non juridique ». La volonté est clairement celle de ne pas induire en erreur le client, en lui rappelant la différence entre un test de paternité commercial et un test de paternité juridique. Cette différence fondamentale inclut (aussi bien dans un pays ou il est autorisé que dans ceux ou il est interdit) que le test de paternité commercial ne pourra servir de base à une action judiciaire. Il est juste un indice pour décider de l’opportunité ou non d’agir, de même manière que l’on peut consulter un juriste préalablement à une procédure : même si les faits vous donnent raison, il faut ensuite leur donner force de loi par une décision judiciaire. C’est ce qui explique la mention « non-juridique » sur un test de paternité commandé par internet.

Ensuite vient la question de la pure probabilité scientifique : même si l’on ne relate pas encore de cas de ce genre depuis des années qu’on utilise le test de paternité, il reste une probabilité mathématique pour qu’un individu puisse correspondre génétiquement au père biologique, sans que ce soit pourtant le cas. C’est ce que traduisent les 0,001% manquants pour qu’un test de paternité puisse être sûr à 100%. Plusieurs parades existent toutefois pour faire monter ce taux de certitude et écarter cette possibilité pourtant presque impossible à trouver dans les faits. Premièrement, il est possible en échange d’un surcoût d’augmenter le nombre de marqueurs analysés dans le test de paternité. D’autre part, il faut rappeler aussi que la probabilité exprimée ici ne prend pas en compte les caractéristiques géographiques et contextuelles inhérentes à chaque test. Prenons par exemple le cas d’un test de paternité réalisé dans le cadre d’une enquête criminelle ; dans le cas ou deux personnes réelles correspondraient au profil génétique relevé sur la scène de crime, encore faudrait-il que ces deux personnes aient le même lien avec les lieux du crime, le même alibi, les mêmes relations avec la victime… pour que la confusion puisse se faire.