Les sites internet proposant des tests de paternité demandent très souvent combien de participants il faut compter. Si cela entraîne un surcoût, c’est également un bon moyen de lever tout doute lorsqu’il y a plusieurs pères présumés pouvant être les géniteurs d’un enfant. Il est donc possible de commander un test de paternité pour 1, 2, 3, 4 pères présumés différents… mais qu’en est-il lorsque leur nombre est beaucoup plus important ? La question s’est posée non pas pour des clients, mais dans le cadre d’affaires pénales où le nombre de suspects potentiels dépassait aisément la centaine. Quid de telles procédures lorsqu’elles prennent une telle envergure ? :
On pourrait penser que plus on ratisse large, plus on augmente les chances de trouver. Pourtant en pratique, c’est presque le contraire qui a été démontré à de multiples reprises :
- Lors du meurtre de Caroline Dickinson en 1987, le juge verra grand et demandera à 3000 personnes leurs empreintes génétiques afin de réaliser des tests ADN. Tous seront négatifs. En revanche, le meurtrier sera trouver plusieurs années plus tard, suite à une correspondance de son ADN, prélevé dans le cadre d’une affaire totalement différente.
- À plus petite échelle, l’affaire Estelle Mouzin mobilisera également des tests ADN à grande échelle afin de trouver le ravisseur. Sur les 75 personnes dont l’ADN a été prélevé, aucune ne correspondra au profil recherché.
- Dans un lycée à la Rochelle, un viol commis dans l’enceinte de l’établissement amènera la justice à demander que toutes les personnes présentes au moment dans les faits dans l’établissement subissent un test ADN. Sur les multiples centaines de personnes prélevées, une seule s’y refusera. Elle finira par accepter, et les tests montreront qu’elle n’est pas celle que les enquêteurs recherchent.
Que nous montrent ces tests de masse ? Tout d’abord, que le plus n’est pas le mieux. Effectuer un grand nombre de test est généralement le signe d’une recherche en aveugle. Or, la plupart des tests de paternité ne se cantonne qu’à quelques participants en raison des biais circonstanciels. Autrement dit, une mère ne réalise généralement pas un test de paternité sur un homme précis au hasard, mais parce qu’un ou plusieurs indices concordants laissent à penser qu’il pourrait être le père. Ensuite, il semble que si le test de masse n’est pas efficace, le fichage des empreintes génétiques l’est lui redoutablement. À la lumière d’une telle efficacité, on comprend mieux les craintes que peuvent avoir les personnes réticentes au fichage généralisé.