Le 9 février 2015 s’est ouvert à la Cour d’assises d’Aix le jugement de Catherine Guay. L’accusée focalise son récit sur sa hantise d’une paternité inconnue, mais c’est pour infanticide qu’elle comparaît devant la justice. C’est un voisin qui a d’abord alerté les forces de l’ordre après avoir découvert le corps en décomposition d’un nourrisson aux environs de son immeuble. Il n’a pas été difficile aux enquêteurs de remonter jusqu’à Catherine Guay, puisqu’elle en était la seule habitante à présenter les signes d’une possible grossesse récente. Elle a donc été convoquée par les autorités, à qui elle ne tardera pas à avouer son geste. Les détails deviennent sordides lorsqu’elle explique avoir accouché dans ses W.C., étranglé l’enfant, puis jeté son corps dans la colonne sèche de l’immeuble. Elle ajoutera même que l’enfant était relativement calme, et ne se débattait que peu lorsqu’elle l’a pris par les épaules pour l’extirper.

La première version qu’elle livrera aux enquêteurs ne tiendra pas longtemps. Elle dira tout d’abord avoir été mise enceinte suite à un viol. C’est lorsque la police a annoncé qu’elle allait effectuer des tests de paternité afin de retrouver le père de l’enfant – et donc le violeur – que Catherine Guay s’est rétractée. La version corrigée du récit a dès lors pris une tournure tout aussi dramatique. Son époux lui reprochait d’être inscrite sur un site de rencontre, ce qui a engendré un conflit. Après une grosse dispute, Catherine Guay est partie de Marseille pour aller à Vesoul, où elle a multiplié les aventures. Elle a fini par en tomber enceinte, mais sans pouvoir déterminer qui était le géniteur de l’enfant en elle. C’est alors qu’elle s’est résignée à retourner au domicile conjugal, d’où son mari a brandi la menace de l’expulsion si jamais elle revenait enceinte. Catherine Guay a donc inventé de multiples excuses pour dissimuler sa grossesse, jusqu’à la naissance de l’enfant qui a eu les suites que l’on connaît.

Dans le cadre de l’enquête, des tests de paternité ont été effectués sur certaines des relations qu’a eu Catherine Guay à Vesoul. La méthode sera payante, puisqu’on découvrira que le père est un médecin de cette ville qui ignorait l’existence de l’enfant. Les psychologues de la police judiciaire prendront ensuite le relais pour déterminer les motivations de la suspecte, et surtout sa capacité de discernement au moment des faits. Sur les deux médecins diligentés pour les besoins de l’enquête, l’un ne décernera aucun trouble ni déni de grossesse tandis que l’autre conclura à une abolition partielle de discernement au cours de la grossesse. Reste à savoir si elle plaidera la folie, et si l’argument sera retenu par les juges ; car les médecins légistes ont pu conclure après examen du cadavre que le nourrisson est né vivant et viable. Ce constat implique qu’au moment des faits, l’enfant avait la personnalité juridique, ce qui fait encourir à Catherine Guay la peine prévue pour un meurtre.