D’un point de vue chronologique, le test de paternité basé sur l’analyse génétique est encore une nouveauté. Malgré les quelques dizaines d’années depuis lesquelles nous l’utilisons, il est encore récent dans notre culture au point que le régime législatif à son sujet ne soit pas encore très clair. On pense par exemple aux lois bioéthiques de la France, plusieurs fois modifiées mais surtout isolées par rapport au reste du monde ; mais même dans des pays qui tolèrent beaucoup mieux l’utilisation privée du test de paternité, de nombreuses questions et réactions se font entendre. Cependant, la question du test de paternité n’a pas toujours été envisagée sous l’angle du test ADN, et c’est ce que nous allons voir ci-dessous.

Si le test de paternité par analyse de l’ADN n’a pas toujours existé, les doutes sur la paternité des enfants a, lui, été une constante historique. Les romains disaient déjà « Mater semper certa est », c’est à dire que l’identité de la mère est certaine. Par raisonnement inverse, celle du père est considérée comme ne l’étant pas. Les premières méthodes ont donc tout simplement consisté à constater la ressemblance physique ou non avec les parents, en plus des preuves conjoncturelles telles que les témoignages ou les actes d’état civil. Encore aujourd’hui, ce mode de preuve par des documents est utilisé par les tribunaux, ce qui montre donc que le test de paternité n’est pas aussi hégémonique qu’il n’y paraît.

Cette pensée s’est peu à peu précisée, jusqu’à ce que Gregor Mendel ne vienne réellement la théoriser. Ce moine d’origine tchèque a beaucoup étudié les plantes, jusqu’à former ce que l’on appelle justement aujourd’hui « les lois de Mendel ». Elles consistent en trois principes appliqués à l’hérédité de manière générale :

  • L’uniformité des hybrides de première génération
  • La disjonction des allèles
  • La Ségrégation indépendante des caractères héréditaires multiples

Appliqués aux humaines, cela a pu donner les premières méthodes de test de paternité, principalement par le biais du groupe sanguin et de la couleur des yeux. Sans entrer dans le détail, il y a par exemple très peu de probabilité pour que deux parents aux yeux bleus aient un enfant aux yeux marrons. De même, des parents de groupe sanguin AA et BB ne peuvent avoir d’enfant du groupe sanguin OO. Pourtant, des exceptions telles que le phénotype de Bombay sont venues remettre en question ces méthodes, qui constituaient non pas des certitudes, mais seulement de très fortes probabilités.