Depuis quelques jours se tient à Douai le procès de Dominique Cottrez. Cette femme est accusée d’avoir tué dès leur naissance pas moins de 8 de ses propres enfants. Les faits se seraient produits entre 1989 et 2007, période où elle serait tombée enceinte à plusieurs reprises. Le but de la Cour d’assises est donc de déterminer quelles sont les causes qui ont pu mener à de tels actes, et déterminer si Dominique Cottrez était pleinement consciente qu’elle assassinait ses enfants au moment des faits. Pour mieux cerner le personnage, il faut remonter dans sa petite enfance. Derrière un mélange de maltraitance, de déni, de haine de soi et d’ambivalence, on comprend mieux quel a été le destin de Dominique Cottrez lorsqu’il est juxtaposé aux relations qu’elle avait avec ses parents. Durant son enfance et sa jeunesse, Dominique aurait été quelqu’un au caractère effacé. Pour expliquer cette propension à la discrétion, on songe d’abord à son surpoids ou à une simple question de personnalité. Le détail prend un sens tout autre lorsqu’on apprend également qu’elle accuse son père de l’avoir violée lorsqu’elle était âgée de 8 ans. Malgré cela, le temps passe, et Dominique finit par obtenir un diplôme dans le domaine des soins à la personne à l’âge de 15 ans. C’est apparemment à cette même période que son père revient à nouveau vers elle, et a un nouveau rapport avec celle qui est sa fille. Cette fois, on ne sait pas s’il est imposé ou consenti, Dominique Cottrez entretenant une confusion lorsqu’on le lui demande. Puis dans les années 1980, elle rencontre Pierre-Marie Cottrez, qui deviendra son époux le 3 août 1985.

Les choses de la vie prennent alors une autre tournure, car son mari la sollicite beaucoup dans leur vie intime, au point que le rapport d’expertise psychologique le relèvera. En parallèle, Dominique Cottrez vit sa première grossesse comme un énorme traumatisme, dont elle gardera une aversion totale pour le milieu hospitalier. Il lui semble donc tout à fait normal de refuser l’hospitalisation lorsque survient sa deuxième grossesse, que son mari remarque peu avant le terme. C’est donc chez elle qu’elle accouche, ce qui lui vaudra des critiques en provenance de son entourage proche. À partir de là, elle ne désire plus avoir d’enfants. Pourtant, elle ne prend aucun moyen de contraception, ce qui va inévitablement la mener vers des grossesses multiples. C’est à ce moment que le massacre de ses propres enfants commence, l’un après l’autre, méthodiquement. Elle les tue juste après les avoir mis au monde toute seule, dans des conditions dignes de Germinal. Elle dissimule ensuite les corps pour faire de même avec ses crimes.

L’accusée finira par expliquer son geste par la peur que certains des enfants qu’elle a eu soient en fait issus de son père. En effet, elle a indiqué que leurs rapports auraient continué même après son mariage. Il a donc été requis un test de paternité sur chacun des corps retrouvés dans la maison familiale afin de savoir si c’était le cas ; et sur tous les tests de paternité réalisés, aucun ne démontrait que le père de Dominique Cottrez était aussi celui des enfants assassinés. Tandis que les experts tentent encore de déterminer si le possible passif incestueux de Dominique Cottrez peut avoir eu des conséquences sur le meurtre de ses propres enfants, l’accusée explique avoir caché cette information par honte, mais aussi pour que son père n’aie pas d’ennuis avec la justice. Les explications peinent à convaincre certains au vu de leur manque de cohérence, mais les prochains jours du procès devraient nous en dire plus sur les motivations profondes qui ont mené à de tels actes.