De tels tests existent déjà à titre particulier pour déceler certaines maladies bien précises. On pense entre autres au dépistage des problèmes de thyroïde chez le nouveau-né, qui donne lieu à l’emploi d’un test ADN dédié. Des chercheurs ont alors émis une proposition radicale : systématiser le séquençage complet du génome dès la naissance d’un enfant. Partant du postulat que les dépistages précoces de maladies graves peuvent permettre une prise en charge rapide dont découle une amélioration certaine dans le traitement, plusieurs voix se font entendre pour généraliser cette méthode. Plusieurs sondages ont été faits afin de sonder l’opinion des parents sur le sujet. Aux États-Unis, la majorité d’entre eux est très favorable à cette initiative. La même question a été posée aux parents québecois, qui se sont montrés tout aussi favorables à ce type de test ADN que leurs homologues américains. Ainsi, 82 % d’entre eux ont révélé être intéressés par une étude complet du génome de leur enfant. Sur ces 82 % d’avis favorables, le père et la mère avaient un avis commun dans ¾ des cas. Du côté des parents réfractaires à cette mesure, on note une bonne partie dont les enfants ont déjà connu des troubles hypothétiques ou avérés pendant la grossesse.

Si beaucoup sont optimistes à l’idée de mettre en place un test ADN de la sorte, d’autres se montrent plus réservés sur la chose. L’une des plus grandes craintes est celle de révélations involontaires par le biais de ce test. Ainsi, la détection d’une maladie orpheline spécifique ou d’autres profils exclusifs pourraient-ils se substituer indirectement à un test de paternité ? C’est l’avis de ceux qui préfèrent en rester à des tests ADN spécialisés. Outre les considérations sur la paternité, ce test génomique pourrait être sujet aux mêmes controverses que les tests ADN prédictifs de maladie. Quid d’une maladie vouée à n’apparaître qu’à l’âge adulte ? Selon ces mêmes détracteurs, un tel test pourrait faire plus de mal que de bien en révélant l’existence d’une bombe à retardement qui attend tranquillement dans l’ADN.

Restent encore une fois les considérations quant à la conservation et la confidentialité de ces données. L’utilisation prévue est pour le moment strictement médicale, mais on a déjà vu qu’il était possible de poster son génome complet sur les réseaux sociaux. On en revient alors aux mêmes problèmes d’utilisation détournée de ce test ADN, comme une récupération comme preuve par des sociétés d’assurance-vie, ou dans le cadre de contrats viagers. C’est pourquoi une initiative de ce genre pose encore une fois la question de l’intérêt de l’enfant. Si elle est louable à l’origine, sa mise en œuvre se devra d’être strictement encadrée pour ne pas desservir ceux qu’elle prétend protéger par le séquençage complet de leur génome.