Une solution génétique au cancer du pancréas ?

Cette expérience grandeur nature part d’un constat dramatique : lorsqu’un cancer du pancréas est diagnostiqué à un patient, celui-ci meurt dans ¾ des cas l’année qui suit. Après 5 ans, seuls 2 % de ces malades sont encore en vie. Ce taux de mortalité très fort a poussé des chercheurs à expérimenter des solutions pouvant améliorer rapidement l’espérance de vie des personnes atteintes par ce type de cancer. Ainsi, une étude parue dans la revue Molecular Therapy nous apprend que le Pr Buscail et son équipe ont étudié la possibilité de thérapie génique contre ce cancer entre 2010 et 2013. Les résultats ont fait l’objet d’un communiqué encourageant de la part du CHU de Toulouse où travaillent les chercheurs. L’abstract de l’étude, quant à lui, est disponible ici :

http://www.nature.com/mt/journal/vaop/ncurrent/abs/mt20151a.html

Le test a été mené sur 22 patients atteints à divers stades par le cancer du pancréas. Il a été constaté que chez une partie des patients, les métastases n’avaient connu aucune évolution pendant la durée du protocole d’expérimentation. Mieux encore, le taux de survie global et le taux de survie pendant lequel la tumeur cancéreuse ne progresse pas, s’en trouvent eux aussi grandement améliorés. Ces résultats ont donc fait l’objet d’un communiqué enthousiaste du CHU de Toulouse, qui prévoit de poursuivre les tests ADN d’ici 2016 pour creuser cette nouvelle piste :

http://www.chu-toulouse.fr/IMG/pdf/20150225_cp_iuct_cancer_pancreas_therapie_genique.pdf

Le centre hospitalier nous explique que c’est l’association d’un « ADN médicament » et d’un « vecteur » qui permet la modification favorable de l’ADN chez les malades. La thérapie génique va en fait viser à modifier l’ADN, afin que celui-ci n’entraîne plus d’évolutions défavorables à la santé du patient. Ici, c’est la reproduction des cellules cancéreuses qui semble touchée par la thérapie. En plus de faire grandement baisser le taux de mortalité, cette méthode pourrait s’avérer utile dans les cas où la tumeur ne peut être directement opérée. L’étude constate d’ailleurs un effet du traitement contre les métastases, contre la tumeur, mais aussi en faveur d’une plus grande réceptivité à la chimiothérapie. Le processus consiste en fait en une base de gemcitabine. Il est d’abord procédé à une injection nécessaire à la thérapie génique dans la tumeur même, avant que le traitement ne soit administré régulièrement par voie intraveineuse. Les résultats sont d’autant plus prometteurs que pour l’instant, aucun effet secondaire indésirable n’a été constaté par l’équipe de chercheurs. Rien ne s’oppose donc à un processus d’essai clinique en phase 2, qui induit une expérimentation de cette thérapie génique sur un panel beaucoup plus important que les 22 patients de la phase 1.