Très souvent, on parle de parents condamnés à verser une pension à cause d’un test de paternité positif. Ce dont on entend moins souvent parler, c’est la fraude à ce même test de paternité. Pourtant, les tentatives sont régulières sans être courantes pour autant. Le pari peut parfois sembler rentable, au vu des sommes colossales que peuvent atteindre certaines pensions alimentaires. En France, cette tentative de fraude est punie par une forte amende et une peine d’emprisonnement. La législation des autres pays en la matière n’est pour une fois pas plus clémente : il s’agit toujours d’une tentative de fraude, peu importe le pays envisagé. C’est ce qui s’est produit en Belgique il y a 5 ans, lorsqu’un homme devant passer un test de paternité a envoyé un ami se faire prélever à sa place. La supercherie a été découverte, et le père présumé comme son complice ont été inquiétés par le tribunal correctionnel pour cette fraude.

Plus récemment encore en 2015, c’est le cas de Thomas Kenny qui a retenu l’attention quant à la fraude au test de paternité. À la base, sa maîtresse lui demandait des comptes pour un enfant qu’elle déclarait être aussi le sien. Afin de ne pas assumer ses responsabilités de père, Thomas Kenny a envoyé un ami lui ressemblant vaguement pour subir le test de paternité qu’il devait passer. La supercherie a été découverte, et c’est à partir de ce moment que les deux hommes ont été inquiétés par la justice. L’enquête révélera que non seulement cet homme a tenté de tromper le laboratoire, mais aussi qu’il a été de mauvaise foi durant tout le processus. Il aurait notamment déclaré à sa maîtresse qu’il ferait tout pour ne pas payer de pension alimentaire (dont acte). En ce qui concerne les implications d’une telle fraude, c’est une remarque du juge Philip Parker au prévenu qui pousse le plus à la réflexion.

Ce dernier expliquait que s’il avait réussi, Thomas Kenny aurait échappé à toutes les responsabilités qu’il doit normalement tenir en tant que père. Pire : sans filiation paternelle reconnue, c’est l’argent public qui aurait contribué à l’éducation de l’enfant via le biais d’allocations. Cette tentative de passer outre le test de paternité aurait donc pu coûter plusieurs milliers de livres à la société anglaise. En conséquence, la défense du prévenu voulant que Kenny soit un père exemplaire avec les précédents enfants qu’il a reconnus, a été balayée d’emblée : il n’a pourtant pas hésité à abandonner un enfant qu’il savait apparemment être le sien. Un tel cas montre encore une fois la différence entre un test de paternité de curiosité et un test de paternité légal. Le premier se fait à titre privé, mais le second est conçu pour induire des effets juridiques et pécuniaires. C’est pourquoi la répression des fraudeurs à cet égard se retrouve de manière égale dans la plupart des pays, tandis que la France est bien seule quant à sa législation restrictive sur le test ADN réalisé à titre privé.