Au début de l’année 2015, un trio avait été arrêté à la frontière serbe après une course-poursuite digne d’un film d’action hollywoodien. L’objet du délit était une enfant, kidnappée en plein jour, devant témoins et des bras même de sa mère. Un dispositif impressionnant avait alors été mis en place, dont un hélicoptère pour pister les fuyards ainsi que plusieurs patrouilles de police pour se mettre à leurs trousses. L’arrestation des trois prévenus avait permis d’en savoir plus sur leurs motivations, qui tenaient principalement à un point : fausser un test de paternité devant avoir lieu en France. C’est en fait une jeune fille, sa mère et son beau-père qui ont été à l’origine de cet enlèvement plus qu’osé. Les plus extravagantes spéculations avaient alors eu cours, certains parlant même de possibles liaisons avec des réseaux de prostitution. L’interrogatoire qu’ont subi les prévenus ont toutefois permis de mettre plusieurs choses au clair concernant les origines de leur acte.

Émeline, la jeune mère comptait fausser un test de paternité qui devait se tenir en France, en substituant à sa fille réelle une enfant lui ressemblant physiquement. Bien qu’elle jure avoir eu l’intention de ramener l’enfant une fois le test de paternité passé, le rapt d’enfant reste considéré comme quelque chose de très grave par les autorités serbes. Tout remonte sa rencontre avec un certain Axel, il y a 5 ans. Bien que les parents de la jeune fille ne voient pas cette union d’un très bon œil, les deux amants continuent de se voir secrètement. C’est alors qu’en 2012, Émeline tombe enceinte d’une petite fille. Peu avant l’accouchement, la famille de la jeune maman coupe les ponts avec Axel, au point qu’il n’a aucune idée d’où ni quand sa fille est venue au monde.

Le jeune homme avait néanmoins fait une reconnaissance préalable de paternité, ce qui faisait officiellement de lui le père de l’enfant qui est né. Sans en arriver encore au test de paternité, c’est à ce moment que les ennuis judiciaires commencent. Le fait d’être parent de l’enfant lui donnait juridiquement un droit de visite pour passer du temps avec sa fille. La famille d’Émeline ne le voyait pas de cet œil, et a décidé de faire blocus contre la présence du jeune garçon dans la vie de leur fille. Axel décide alors de porter plainte pour faire valoir son droit, et finit par obtenir gain de cause. Par une décision judiciaire du 15 octobre 2014, Émeline finit par être condamnée à 8 mois de prison avec sursis et 8 000€ d’amende pour non présentation d’enfant. Elle décide alors de faire appel de la décision, tout en lançant une action incidente en contestation de filiation. Le but est de discréditer Axel en tant que père de l’enfant par un test de paternité qui prouverait l’absence de lien biologique. Le juge accède alors à cette requête, pour laquelle la famille d’Émeline ne semblait pas sereine puisque c’est là qu’il a été décidé de prendre la route pour la Serbie. La suite de l’histoire est déjà connue : l’enlèvement a échoué, le test de paternité aura bien lieu, et la crédibilité d’Émeline dans cette procédure est très largement entamée. Outre ces considérations civiles, les trois kidnappeurs risquent de lourdes peines de prison pour la tentative d’enlèvement d’une fillette en pleine rue.