Cette question mérite quelques points d’éclaircissement dans la mesure où elle confond plusieurs domaines. Divorce et filiation sont certes des domaines qui s’interpénètrent occasionnellement, mais ne se prêtent pas pour autant au mélange à l’envi. Mettons tout d’abord un point au clair : un test de paternité ne peut être techniquement à l’origine d’un divorce. Ce peut être une faute, une incompatibilité d’humeur… qui motive juridiquement cette décision, mais en aucun cas un test de paternité. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il est inutile d’en passer un par souci de vérification (c’est même recommandé). Le fait est que ce test de paternité ne pourra pas servir de fondement juridique pour engager une procédure en divorce pour faute, par exemple. C’est d’autant plus vrai si ce test est commandé sur internet, ce qui implique qu’il n’aura de toute façon pas de valeur juridique.

Par contre, le test de paternité peut être utilisé au cours de la procédure de divorce, à la condition que des éléments de preuve suffisants soient apportés. Dans les faits, cela se traduit par une « action incidente », qui est en fait une action judiciaire en recherche de filiation imbriquée dans l’action judiciaire de divorce. Imaginons par exemple qu’un père conteste être le géniteur d’un enfant pour lequel sa femme réclame une pension alimentaire. Pour confirmer juridiquement ce propos, il devra procéder à une action incidente en contestation de filiation, en apportant assez de preuves pour que le juge civil accepte de réaliser un test de paternité. De là, l’affaire de divorce sera suspendue en attendant la confirmation ou l’infirmation de la filiation par le test de paternité légal. Selon les résultats, les prétentions des parties seront justifiées devant le juge ou non. Cette étape est souvent cruciale puisqu’elle est là aussi la seule possibilité scientifique de prouver qu’on est le père d’un enfant ou qu’on ne l’est pas.

En cas de test de paternité légal positif au cours d’un divorce, l’une des conséquences principales sera le versement de la pension alimentaire. Ainsi en 2015, un américain avait contesté la paternité de jumelles qu’il avait pourtant eues avec sa femme. Le test de paternité a révélé qu’il n’était en fait que le père d’une seule des deux jumelles, ce que le directeur du centre agréé a lui même dû venir expliquer à la barre tellement la nouvelle était incroyable (mais scientifiquement possible). Incidemment, une autre conséquence que peut impliquer un test de paternité négatif tient à la fidélité : comment expliquer un enfant né dans la période de mariage, mais dont le test de paternité révèle qu’il n’est pas celui du mari ?