On savait déjà qu’internet avait grandement participé à la démocratisation du test de paternité. Ainsi, malgré les différentes interdictions qui peuvent exister d’un pays à l’autre, il est possible de recevoir sous quelques jours à son domicile ledit test de paternité assorti de formalités très simples. Les magasins Boots ont décidé d’aller encore plus loin dans cette démarche, puisqu’ils ont lancé la commercialisation d’un test ADN en libre service. Qu’est-ce que cela va venir changer aux systèmes de vente déjà existants en la matière ? Très simplement, il n’y aura plus à attendre la réception du kit par courrier, puisqu’on pourra aller le chercher directement en magasin. Cette opération est pour l’instant à l’essai en Angleterre, pays dont la législation autorise déjà le recours aux tests de paternité par internet. On imagine moins bien une pratique similaire en France, où les lois bioéthiques de 1994 limitent l’utilisation du test de paternité aux seules procédures judiciaires en bonne et due forme.

Concernant la méthode, elle n’a rien de bien nouveau : le kit vendu pour environ 150€ contient des écouvillons et des enveloppes. Comme pour n’importe quel test ADN, il s’agit de prélever de la salive à l’aide des bâtonnets inclus dans le kit. Ensuite, la procédure reste inchangée puisqu’il faut envoyer les enveloppes remplies au laboratoire, qui va se charger d’analyser les échantillons et d’envoyer les résultats en retour. Dès lors, quel peut-être le problème s’il n’est pas qualitatif, et que les tests de paternité en libre-service sont réalisés avec la même rigueur que n’importe quel autre ? Au surplus, les résultats sont annoncés comme envoyés sous 5 jours, ce qui est dans la tranche correcte de rapidité des réponses. Encore une fois, ce sont les considérations éthiques qui viennent se greffer aux tests ADN.

Il y a d’abord un risque de dérive commerciale évident : un test de paternité est-il un produit comme les autres ? Le Dr Hartley semble indiquer que non. En effet, il explique que les résultats de ces tests de paternité sont sûrs à 99,99 % ; que dès lors, le combo entre l’accessibilité immédiate et la fiabilité des résultats risque de résulter en une cassure des structures familiale et maritale telle qu’on les connaît actuellement. Toujours en évoquant les possibles dérives, le même docteur rappelle qu’il est interdit même en Grande-Bretagne de procéder à un test de paternité sans autorisation de tous les participants.On comprend pourtant qu’avec cette accessibilité accrue, la tentation puisse être grande de prélever un échantillon d’ADN à l’insu du père présumé par exemple.