La recherche part d’un constat simple : tout comme chez les géniteurs ayant atteint un certain âge, on constate chez les très jeunes pères un risque accru d’anomalies chez l’enfant. On retrouve notamment parmi les troubles incriminés la schizophrénie et l’autisme. Une étude britannique s’est donc attelée à la tâche. Menée par le Dr Peter Forster de l’université de Cambridge, elle a consisté en pas moins de 24 000 tests ADN sur un très large panel d’individus. Les nationalités des parents testés vont ainsi de l’Autriche à l’Afrique, l’âge des mères entre 11 et 52 ans, et celui des pères testés entre 12 et 70 ans.

Cette étude a montré que comparativement à celui d’un père de 20 ans, le sperme d’un géniteur adolescent ou beaucoup plus jeune était sujet à 30 % de mutations génétiques supplémentaires. Les explications de ces résultats restent encore inconnues des chercheurs. Le Dr Peter Forster émet l’hypothèse d’un plus grand taux d’erreur dans la reproduction de l’ADN lors de la puberté chez l’homme. Rien ne vient pour l’instant étayer cette thèse, qui nécessitera de multiples tests ADN supplémentaires pour en déterminer les causes.

On comprend donc mieux pourquoi les pères très jeunes et les pères très vieux sont porteurs de taux de risque semblables pour les enfants à naître. L’explication chez chacune des catégories est radicalement différente :

– Chez les très jeunes pères, c’est le taux de mutation génétique accru qui est mis en cause

– Chez les pères plus âgés, c’est la mauvaise qualité du sperme qui ressort des résultats étudiés

Sur ce dernier point, un article paru en févier 2014 dans la revue Jama Psychiatry montrait que par rapport à un père dans la pleine force de l’âge, un géniteur âgé de 45 ans ou plus avant à minima 3,5 fois plus de chances d’engendrer un enfant autiste et 25 fois plus de chances de donner naissance à un enfant bipolaire. Ces risques sont ceux liés seulement à l’âge du père ; or, il faut également prendre en compte les facteurs épigénétiques, mais aussi l’âge de la mère dont on sait qu’il joue énormément sur le bon déroulement de la grossesse.

Le Dr Forster vient toutefois pondérer ces résultats pour rassurer les parents inquiets. Il rappelle pour cela qu’environ 1,5 % des enfants naissent avec une anomalie génétique. Si on applique la hausse de 30 % de mutations génétiques à ce taux normal d’anomalies génétiques, le chiffre monte à 2 %. Risque augmenté donc, mais de relativement peu quant au taux global de troubles génétiques que l’on retrouve chez les populations arrivées à l’âge optimal de procréation.