L’idée peut sembler logique, puisque le droit de la famille algérien est principalement patriarcal, et donc basé sur la transmission par le père. En conséquence, on pourrait penser que tous les moyens seraient mis à disposition pour qu’un enfant ait un père reconnu, y compris le test de paternité. Il suffit pour s’en rendre compte de prendre le Code de la famille algérien en son chapitre V (articles 40 à 47) justement nommé « De la filiation ». L’article 40 de cette partie du Code nous dit très exactement :

« La filiation est établie par le mariage valide, la reconnaissance de paternité, la preuve, le mariage apparent ou vicié et tout mariage annulé après consommation, conformément aux articles 32, 33 et 34 de la présente loi.

Le juge peut recourir aux moyens de preuves scientifiques en matière de filiation ».

Ce n’est que très récemment que la reconnaissance de maternité y a été ajoutée (art. 44), ainsi que le recours légal au test de paternité (art. 40 par l’ordonnance n° 05-02 du 27 février 2005). Cette évolution est marquée par le second alinéa de l’article 40 qui évoque les « moyens de preuve scientifique », qui ne renvoient pas à autre chose qu’au test de paternité pré-cité. Dans cette droite lignée, il apparaîtrait donc normal d’introduire dans le dispositif légal des dispositions permettant à forcer un père présumé à se soumettre au test de paternité.

Pourtant, un obstacle de taille fait face à cette possibilité de test de paternité coercitif : la Constitution algérienne. En son article 48, elle énonce que « l’État garantit l’inviolabilité de la personne humaine ». à ce titre, on ne peut forcer quelqu’un à passer un test de paternité en Algérie puisque la norme constitutionnelle a une force supérieure à la norme légale (cette dernière devant donc être conforme à la Constitution). Si la Constitution algérienne ne le permet pas, la loi ne pourra donc pas non plus forcer quelqu’un à passer un test de paternité, ce qui revient à la situation actuelle.

Notons toutefois que l’inviolabilité ne signifie pas l’impunité. Si tout un chacun peut refuser de se soumettre à un test de paternité, le juge peut, lui, tirer des conséquences de ce refus. C’est encore une fois l’article 40 du Code de la famille qui en dispose lorsqu’il énonce « la preuve » en matière de reconnaissance de filiation. En d’autres termes, ne pas passer un test de paternité peut parfois prouver autant de choses qu’un test de paternité positif.