Lorsqu’une personne extérieure n’est pas là pour contrôler le moment du prélèvement, il peut être facilement tentant de falsifier les échantillons. Quand la fraude est vraiment trop osée, le laboratoire peut rapidement la détecter. Certains rapportent à ce titre l’histoire de clients ayant déjà tenté de mettre des poils animaux à la place de cheveux du père présumé afin que le test de paternité soit négatif. Dans ce cas, le laboratoire repère immédiatement l’anomalie puisque l’ADN apparaît clairement comme non humain. La même chose arrive dans le cas inverse, c’est à dire lorsqu’une mère pense pouvoir mettre son ADN dans l’enveloppe dédiée au père présumé afin de rendre positif le test de paternité. Encore une fois, les analyses préalables révéleront rapidement que l’ADN est celui d’une femme, ce qui est techniquement impossible pour un test de paternité.

Toutefois, le laboratoire ne peut pas détecter la fraude par la simple analyse des échantillons, lorsqu’elle consiste à prélever un homme à la place d’un autre, ou à substituer un enfant à un autre. Les cas portés à la connaissance de la presse et du grand public sont généralement ceux qui échouent, à l’instar du récent enlèvement d’une fillette en Serbie pour fausser un test de paternité. Plus anciennement encore, les journaux belges relataient le cas d’un homme ayant envoyé un ami passer le test de paternité légal à sa place. Encore en 2015, le cas s’est reproduit en Angleterre avec un jeune homme voulant éviter de prendre ses responsabilités de père. Tous ces ratés nous informent sur les conséquences en cas d’échec de la fraude : poursuites judiciaires, perte de crédibilité du fraudeur… mais que se passerait-il si le stratagème venait à réussir ?

Dans le cadre d’un test de paternité légal, les exemples cités plus haut montrent qu’il est assez improbable que la fraude puisse réussir. En revanche, cela semble beaucoup plus facile à mettre en œuvre dans le cadre d’un test de paternité de curiosité. Admettons donc qu’une personne (père, mère ou enfant) falsifie un test de paternité afin d’obtenir le résultat qu’il souhaite. Et après ? C’est justement là que se pose la limite d’une telle manœuvre : pour être suivi d’effets, le test de paternité doit être ordonné par un juge dans le cadre d’une procédure judiciaire. Le mieux que l’on puisse obtenir en fraudant à un test de paternité commandé sur internet est donc de faire croire à un lien de filiation. Passé ce cap, il faudra de toute façon passer par un tribunal, et très souvent par un nouveau test de paternité, pour obtenir les droits que l’on réclame. Si le test de paternité préalable a été falsifié, la manipulation apparaîtra au grand jour puisque les laboratoires agréés par le ministère de la justice sont justement formés pour être vigilants sur ce sujet. Bien que l’idée semble tentante au départ, il n’y a donc pas grand intérêt à truquer un test de paternité commandé par internet.