C’est une demande qui revient incessamment, et permettrait de régler de nombreux problèmes. Le gouvernement algérien a suggéré cette idée quant au problème des mères célibataires, une proposition de loi a été déposée au Sénégal pour qu’on ne puisse plus refuser la paternité d’un enfant, de nombreuses plaintes devant les juridictions civiles françaises tendent vers cette demande, et elle permettrait de mettre chaque géniteur devant ses responsabilités par l’apport d’une preuve scientifique de sa paternité. Dès lors, pourquoi cette mesure n’a pas encore été mise en œuvre par les législations concernées ?

Très simplement, le test de paternité coercitif se heurte violemment à ce qui constitue les libertés individuelles et collectives. Plusieurs des pays cités plus haut ont dans leur loi ou leur Constitution des dispositions relatives à la disposition de leur propre corps par les personnes : c’est l’indisponibilité du corps humain. L’un des exemples les plus frappants se trouve dans le Code civil français, qui interdit le test de paternité hors du cadre judiciaire, interdit le prélèvement d’ADN sans autorisation de la personne concernée, et ne soumet cette nécessité de consentement à aucune dérogation.

Ainsi, on pourrait supposer que la matière pénale ferait exception, mais il n’en est rien. Même si le refus de se soumettre à un test ADN ou un test de paternité au cours d’une enquête criminelle peut être puni d’une forte amende et d’une peine d’enfermement, on est ici en face d’une forte incitation et non d’une obligation. Pour preuve, la condamnation pénale pour ce type de refus d’un test de paternité n’inclut qu’une amende et de la prison, et non pas la réalisation forcée du test de paternité. De même, la Constitution algérienne dispose que le corps humain est inviolable. Sachant que la norme constitutionnelle est la plus haute dans la hiérarchie des règles applicables, la loi ne peut forcer un test de paternité que la Constitution interdit pour protéger les individus et leur patrimoine génétique.

Enfin, il faut aussi imaginer qu’un test de paternité forcé pourrait très bien mener à des dérives de test sécuritaire : qu’adviendrait-il des empreintes génétiques obtenues par la force après que le test de paternité judiciaire ait été effectué ? On imagine très bien que des fichiers occultes – ou non – puissent se constituer à cet effet, sans contestation possible pour la personne prélevée. Par conséquent, on se rend finalement compte le test de paternité forcé pose plus de problèmes qu’il n’en résout. La justice n’en est pas bloquée pour autant, puisque la plupart des législations permet de tirer des conséquences d’un refus du test de paternité s’il n’est pas justifié valablement.