C’est le verdict surprenant qu’a rendu un tribunal pénal de Malaisie, à la suite d’une affaire de viol sur une mineure. Les faits tiennent en quelques lignes : Bunya Jalong, un homme de 60 ans, a mis enceinte une mineure de 14 ans à l’époque des faits, supposément sous la contrainte. Lorsque l’affaire a été portée devant les autorités compétences, l’enquête a d’abord été en ce sens. Le test de paternité ordonné par la police a démontré que Bunya Jalong était bel et bien le père de l’enfant qui depuis les faits allégués, était né. D’autres attouchements et/ou viols auraient été relatés sur d’autres mineures. Le dénouement de cette affaire semblait donc évident : les résultats du test de paternité convergent avec les dires de la victime.
C’est alors que la défense a soulevé un point de pur droit pour blanchir son client. Selon Bunya Jalong, il n’y a eu ni rapport sexuel, ni contrainte. En revanche, il admet avoir inséré à la jeune fille un doigt qu’il avait enduit de sa semence. Aussi alambiquée que puisse paraître cette défense, elle se tient très bien en droit pénal malaisien. En effet, les lois nationales prévoient que le viol est constitué lorsqu’il y a pénétration sexuelle sous la contrainte. Or, l’accusé prétend n’avoir utilisé que ses doigts, ce qui empêche de le condamner pour ce motif exact. De l’autre côté, le tribunal relève que malgré le test de paternité, l’accusation n’a pas su produire la preuve qu’il était impossible de tomber enceinte par l’introduction d’un doigt recouvert de sperme. C’est donc la pure logique juridique qui l’a emportée, puisque Bunya Jalong a été déclaré non-coupable du chef de viol à l’unanimité.
Bien que la mère de la victime dise comprendre la décision d’un point de vue juridique, elle en appelle cependant à toute la Malaisie pour la soutenir dans son combat. Des femmes, des hommes, mais aussi des ONG se sont mobilisées pour protester contre cette décision. Les manifestations ont pris une telle ampleur que le gouvernement a accepté de réviser la législation pénale sur le viol. Malheureusement pour la victime de Bunya Jalong, son agresseur ne pourra être jugé une seconde fois à l’aune de cette nouvelle loi. Un tel procédé irait à l’encontre de la non rétroactivité des lois et de l’autorité de la chose jugée ; mais on peut se satisfaire que sa mère ait été entendue dans son combat, elle qui voulait éviter que cette situation se produise pour qui que ce soit d’autre. Notamment, elle accuse Bunya Jalong d’avoir été préparé par ses avocats pour mentir en donnant une version qui permette de le disculper légalement. De son côté, la jeune victime a entamé des démarches pour officiellement adopter l’enfant dont elle est mère depuis 2012.