En sus du développement des sciences génétiques dans leur utilisation forensique ou historique, s’est posée la question de savoir jusqu’à quel point l’ADN pouvait se conserver. On sait que dans des conditions idéales, l’ADN peut se conserver plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’années. Le problème réside toutefois en son altération, ce qui intéresse aussi bien les archéologues que les meurtriers en cavale. Une étude de chercheurs suisses a voulu tester à l’extrême les capacités de résistance de l’ADN et n’a pour cela pas hésité à employer les grands moyens.

Une fusée TEXUS-49 a été lancée dans l’espace avec des échantillons d’ADN plasmidique disposés de part et d’autre de l’appareillage. Les échantillons ont respectivement subi le lancement de la fusée, sa montée jusqu’à 270km dans l’atmosphère, son vol à cette altitude puis sa chute vers la terre ferme. Lors de cette dernière phase, la force de friction fait atteindre des conditions telles qu’une chaleur à plus de 1000° C pendant environ 13 minutes. À titre indicatif, la température de la lave en fusion dans un volcan varie entre 700° C et 1200° C. Malgré ce traitement de choc, la surprise fut de taille lorsque la fusée retomba au sol.

L’ADN avait « survécu », dans le sens où il contenait encore un code génétique lisible. Ce test ADN de l’extrême est donc la preuve qu’un échantillon génétique peut survivre à un séjour dans l’espace. Le résultat est surprenant, car de telles capacités de résistance sont rares dans la nature et ne se retrouvent que dans des cas très particuliers tels celui des tardigrades. Néanmoins, les résultats sont là. Plusieurs conclusions en découlent.

Tout d’abord, la résistance de l’ADN dans l’espace signifie que l’origine de la vie sur Terre pourrait hypothétiquement être d’origine « extra-terrestre » (au sens littéral du terme). Cette découverte va dans le sens d’une théorie de la panspermie, qui explique que la Terre aurait été « fécondée » de l’extérieur. Cette théorie ne présume néanmoins pas d’une origine particulière concernant cette fécondation, bien que des mouvements sectaires aient récupéré cette théorie pour lui donner un penchant théologique ou occulte selon les cas.

Autre conclusion problématique découlant de cette expérience : la contamination des environnements explorés par l’homme. Si l’ADN résiste aux voyages dans l’espace, cela signifie que les environnements foulés du pied par des astronautes, voire des sondes, ont possiblement contaminé les zones d’exploration avec de l’ADN terrestre. C’est un écueil que veulent à tout prix éviter les scientifiques dans la recherche de vie extra-terrestre au sens large.