C’est l’étonnante conclusion d’un test ADN porté par le très sérieux Daily Mail. L’initiative est venue du journaliste Jean-Paul Mulders et de Marc Vermeeren, un passionné de l’histoire du nazisme. On se souvient d’ailleurs du premier pour sa participation à une enquête du même type : le test ADN sur la famille Loret, qui visait à vérifier les dires d’un supposé fils naturel d’Hitler. La présente étude quant à elle, a été menée sur des membres éloignés de la famille de l’ancien dictateur, retrouvés notamment dans une branche autrichienne des Hitler. Pas moins de 39 prélèvements d’ADN ont été effectués sur les descendants connus, afin de croiser et comparer les résultats. La surprise a alors été de taille, et les résultats ont été aussitôt parus, aussitôt contestés. On retrouve en effet de manière récurrente la présence d’un « Haplopgroupe E1b1b ». En clair, cela signifie la présence dans la lignée de gènes caractéristiques de l’Afrique du nord-ouest. Cette spécificité génétique serait apparue dans l’ADN des berbères il y a un peu plus de 5000 ans, et on la retrouve encore aujourd’hui chez 50 % d’entre eux. En Europe, c’est dans les peuples espagnols et italiens que cette particularité génétique se retrouve parfois, probablement par le métissage historique qui a eu lieu entre eux et l’autre côté du bassin méditerranéen.

De là les premières contestations. Il est tentant d’en conclure qu’Adolf Hitler portait dans ses gènes un patrimoine que sa doctrine raciale aurait d’emblée considéré comme impur. À ce niveau de certitude génétique, affirmer qu’Hitler avait des origines berbères (voire judéo-berbères) revient à bien trop s’avancer. Même un test de paternité classique ne s’avance pas à annoncer avec certitude un lien de parenté, alors que la certitude des résultats fournis est de l’ordre du 99,99… %. C’est pourquoi cette étude a fait l’objet de nombreuses contestations dans le monde scientifique. Sans remettre en cause le principe de génétique des populations, c’est l’inconséquence des auteurs de cette étude qui inquiète. Peut-on réellement être aussi affirmatif avec une telle marge d’erreur ? Mulders et Vermeeren ne sont pas restés sourds à ces critiques. Ils demandent donc à pousser le test sur les restes mêmes d’Adolf Hitler, dont le Kremlin détiendrait des morceaux d’os et un drap tâché de sang retrouvé dans son bunker. Le niveau de précision du test ADN serait certainement accru, mais le problème de fond resterait probablement le même.

Toujours est-il que cette question des origines juives d’Adolf Hitler fait partie d’une longue lignée de sujets vendeurs à propos du nazisme. Déjà à l’époque, son neveu William Patrick Hitler aurait fait chanter son oncle en menaçant de révéler ses origines juives (avant d’émigrer aux États-Unis et d’écrire un livre intitulé « Pourquoi je déteste mon oncle »). Ces rumeurs seront ensuite reprises par Heinrich Himmler, qui diligentera une enquête secrète sur de potentielles origines non-aryennes du Führer, puis Hans Frank, gouverneur général de la Pologne. Une autre rumeur veut que la grand-mère d’Hitler ait été mise enceinte par M. Frankenberger, l’employeur juif chez qui elle travaillait ; sauf que personne n’a jamais encore pu attester l’existence d’une famille Frankenberger à Graz à cette époque. D’autres encore, prêtent à cette me^me grand-mère d’Hitler une aventure avec un Rotschild. Si elle se confirme, l’analyse ADN des descendants d’Hitler viendra donc prouver ce que d’innombrables enquêtes ont failli à attester. En attendant, les preuves – même ADN – semblent encore faibles, et montrent avant tout que la génétique reste une science dont la certitude probatoire réside avant tout d’un protocole strict, et non de qualités intrinsèques.