Le régime légal du test de paternité en France a plusieurs fois été éclairé : seul le test de paternité commandé par la justice est légitime à servir de preuve. Pourquoi alors recourir aux services d’un laboratoire alors que les résultats ne seront pas exploitables en tant que tels devant le juge ? C’est là que le raccourci opéré est trompeur : un test de paternité non exploitable en justice n’est pas un test de paternité non exploitable. Bien au contraire, puisque plus de 150 000 de ces tests de paternité sont vendus en France chaque année, malgré l’interdiction légale d’y avoir recours. Outre qu’il serait douteux de considérer ces 150 000 clients comme de potentiels ignorants, le test de paternité commercial reste l’une des solutions les plus simples pour lever des doutes quant à la filiation d’un enfant né aussi bien dans le mariage que hors-mariage.

L’intérêt d’une telle manœuvre est de pouvoir anticiper les conséquences d’une action judiciaire. Quid d’un enfant dont on ne connaîtrait pas la filiation paternelle, que son géniteur ne reconnaîtrait pas, et à qui de nombreuses années de procédure ainsi qu’un test de paternité judiciaire finiront par donner raison ? Dans un tel cas, il aurait été beaucoup plus intelligent de prévoir en amont la réalisation d’un test de paternité commercial, qui aurait très facilement donné l’issu de cette procédure. En effet, l’action en recherche de filiation se porte par principe sur la paternité (ou la maternité) biologique d’un enfant. Or, c’est ce que le test de paternité permet très exactement d’établir, parfois même mieux qu’un test de paternité judiciaire puisque certaines offres proposent d’analyser jusqu’à deux fois plus de marqueurs que la norme.

En somme, connaître les résultats de ce test de paternité avant la procédure donne la possibilité non négligeable de négocier à l’amiable. Une maxime juridique dit qu’il « vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon procès ». C’est typiquement le genre de cas de figure dans lequel se retrouvera un père biologique qui nie sa paternité. Le postulat tiendra jusqu’à ce qu’un test de paternité judiciaire vienne le contredire. Or, de tels désagréments peuvent être évités si l’on sait par avance être ou non le père d’un enfant. Dans l’exemple cité, cela permettrait de directement reconnaître l’enfant et participer sans détour à son éducation, ce qui évite les méandres procéduraux d’une action en recherche de filiation. Dans le cas contraire ou le test de paternité domestique ne permettrait pas d’établir un lien de filiation, c’est justement la confirmation qu’une action en justice ne pourra pas faire reconnaître la personne visée comme géniteur, puisque le test de paternité viendra l’infirmer. Finalement, l’action devant le tribunal civil ne viendra que valider les résultats déjà découverts par le test de paternité commandé individuellement.