Afin de gommer toute confusion pouvant naître de l’intitulé de la question, quelques précisions d’importance : il n’est pas obligatoire de passer un test de paternité légal pour que l’état civil d’un enfant soit modifié. Si la méthode est radicalement efficace, elle reste pourtant une preuve parmi d’autres d’un strict point de vue juridique. C’est pourquoi une action en recherche de filiation peut être tout aussi bien appuyée par des documents administratifs, des messages, témoignages, fonds versés par le père présumé n’ayant pas reconnu l’enfant… sans que le juge n’aie obligatoirement à demander un test de paternité ; ou tout simplement, le père présumé peut décider de coopérer et reconnaître l’enfant en cours de procédure avant que lui soit demandé le test de paternité (ce qui peut être une idée judicieuse pour limiter les frais de justice).

La question posée ici est celle de savoir pourquoi le juge ne reconnaît que le test de paternité légal, et non pas le test de paternité de curiosité. Bien que se limitant au seul cas français, une réponse tout à fait éclairante sur ce point a été faite par le ministère de la Justice à un sénateur. Il y est expliqué dans une réponse n°06644 que :

« Ce dispositif […] se justifie, d’une part, par la nécessité de s’assurer du consentement libre et éclairé des intéressés, et d’éviter à cet égard tout risque de pressions ou d’atteinte à la vie privée, et, d’autre part, par le souhait de garantir la fiabilité des tests, ceux-ci ne pouvant être réalisés que par des experts agréés faisant l’objet d’un contrôle périodique par une commission spécialisée […] le cadre juridique […] permet d’éviter des expertises qui ne répondraient qu’à un souci de convenance ou de curiosité personnelle sans considération de ce que peut être l’intérêt supérieur de l’enfant ou plus généralement de celui de sa famille quant à la connaissance de ce lien biologique ».

Tout est condensé dans cette réponse, qui explique en somme que le test de paternité légal présente des garanties que le test de paternité de curiosité ne peut pas assurer. Cela se traduit par un contrôle de l’identité des participants, un agrément du laboratoire… si bien que ces tests sont les seuls qu’un juge puisse utiliser dans le cadre d’une affaire judiciaire en cours. Pour ce qui est du test de paternité de curiosité, le risque de fraude par les participants est beaucoup trop grand ; non pas que ce type de service s’y prête éminemment, mais une procédure judiciaire implique généralement un conflit d’intérêt ; or, il est très probable que ces intérêts contraires poussent beaucoup plus fortement les protagonistes à frauder que dans le cas d’un simple test de curiosité sans conséquences juridiques. C’est pourquoi de nombreux pays jugent nécessaires de garder un minimum de contrôle sur les tests de paternité qu’ils reconnaissent comme viables, même pour ceux qui n’en interdisent pas l’achat par les particuliers.