La question a récemment été relancée par une association suisse, qui avance le chiffre d’un enfant sur 30 confié aux mauvais parents à la maternité. Concrètement, cela signifierait que dans une classe lambda, au moins un enfant n’est pas le fils biologique de ses parents. Une autre étude américaine plus récente, elle faisait état d’un constat autrement plus alarmant. Dans le cadre de recherches sur l’hérédité des maladies génétiques, les scientifiques qui la menaient devait d’abord procéder à un test de paternité pour vérifier que les échantillons étaient valides pour l’étude. Les résultats les ont mené à écarter 1/5 des prélèvements pour cause de ce qu’ils ont pudiquement appelé des « discordances de paternité ». Étendu à toute la population, cela signifierait-il donc que 20% des enfants ne sont pas élevés par leurs parents biologiques ? Allant encore plus loin, Patrick Pelloux a même pu affirmer que 40% des enfants n’étaient pas élevés par leur père biologique. Qu’en est-il donc réellement ?

Une étude de la Liverpool John Moores university menée sur des données s’étalant de 1950 à 2004, indique un taux de 1/25 quant aux enfants ayant une « discordance de paternité ». Ce chiffre tendrait à donner plutôt raison à l’association suisse réclamant un test de paternité généralisé qu’à Patrick Pelloux. Il ne faut néanmoins pas minimiser le constat, car cela reviendrait à pas moins de 4% d’enfants dont la paternité biologique a mal été établie. Pire encore, cette même étude note une augmentation de ces discordances de paternité au fur et à mesure que le temps avance. Cela signifie-t-il qu’il sera bientôt réellement nécessaire de faire un test de paternité pour chaque naissance enregistrée ?

C’est oublier une donnée importante qui vient biaiser ces panels quand on veut les appliquer à toute la population : les échantillons sont testés spécifiquement parce qu’on a un doute sur la filiation paternelle du panel. En clair, cela veut dire qu’il y a forcément dans beaucoup de ces études une sur-représentation des discordances de paternité, puisqu’elles tirent leurs données précisément des tests de paternité ; or, il semble évident que la proportion de personnes ayant une vraie raison de douter de la filiation de leur enfant sera beaucoup plus forte dans le cadre d’un test de paternité, qu’une fois ramené à l’échelle de la population globale. C’est pourquoi des données issues de tests non destinés à vérifier la véracité de la filiation ont tendance à être préférées. Leur constat est largement plus modéré, puisqu’elles font état de 1% à 2% d’enfants attribués aux mauvais parents. Si le test de paternité met donc bien en lumière cette problématique dans des proportions auparavant insoupçonnées, il faut toutefois garder la mesure des choses et en particulier du phénomène de discordance de la paternité.