Les chiffres sont très peu clairs sur le sujet : certains parlent de 1%, d’autres de 10%, d’autres même encore de 30%. Selon le cadre et le public envisagé, la discordance de paternité peut se constater à des taux très variables. Cette statistique a d’autant plus tendance à monter lorsqu’elle paraît sur un support commercial (dont les sites vendeurs de tests de paternité). Comment savoir alors s’il faut relativiser cette moyenne, s’en inquiéter, ou même quel est son niveau exact ? Le présent article tentera d’y répondre indirectement, non en arrêtant un nombre fixe, mais en étudiant plusieurs des sources qui ont pu mener aux statistiques que l’on entend régulièrement à ce propos :

  • Le magasine « The Lancet » affirme qu’un enfant sur 30 serait élevé par un père qui n’est pas le leur. C’est cette statistique qui a débouché sur l’illustration suivante souvent reprise par les journaux : si l’on suit cette statistique, cela signifierait qu’en moyenne dans une classe de 30 élèves, au moins 1 n’est pas élevé par son père biologique.Elle est survenue de manière détournée, car le protocole n’était à la base pas prévu pour le test de paternité, mais pour étudier les maladies génétiques héréditaires. Pour cela, il convenait de faire préalablement un test de paternité pour s’assurer que le groupe test était valide pour effectuer les observations.
  • Une étude suisse sobrement intitulée « Estimating the frequency of nonpaternity in Switzerland » est beaucoup plus réservée que la première. Sur un panel de 1607 enfants ayant subi un test de paternité, il n’a été trouvé que 11 exclusions de paternité. Cela représente donc à peine 0,68%, soit moins d’un enfant pour mille.
  • L’urgentiste et syndicaliste Patrick Pelloux fait lui monter cette estimation jusqu’à 40% des naissances. Il évoque à ce titre la dernière étude en date à l’époque, ainsi qu’une autre étude suédoise. Cette dernière indiquerait qu’à partir du troisième enfant d’un couple, 75% des hommes reconnus sur l’état civil de ces enfants seraient des pères putatifs et non biologiques.
  • Une étude relayée par la BBC dans un article intitulé « One in 25 fathers ‘not the daddy », évoque comme l’indique son titre une discordance de paternité de 1 sur 25. On se rapprocherait donc des résultats de l’étude du Lancet citée plus haut, en restant toutefois loin des 40% annoncés par Patrick Pelloux.