Pourquoi devrais-je passer un test de paternité ?

Outre une convocation dans le cadre d’une procédure judiciaire, l’intérêt de passer un test de paternité peut sembler limité. Pourquoi dépenser 150€ pour un test qui ne fera que confirmer ce que l’on sait déjà dans la plupart des cas ? C’est justement là qu’est l’erreur. Il faut tout d’abord savoir que l’absence de lien biologique entre des parents et l’enfant qu’ils élèvent est loin de ne représenter qu’une marginalité de cas négligeables. C’est notamment la surprenante (et involontaire) conclusion d’un étude publiée par The Lancet et menée à l’origine pour étudier l’hérédité des maladies génétiques. À titre préalable, les échantillons prélevés ont dû subir un test de paternité afin de pouvoir être utilisés avec certitude pour les recherches. L’étude révèle alors pudiquement que 10 % des échantillons ont dû être écartés pour « discordance de paternité ». Appliqué à l’ensemble de la population, cette estimation tendrait à dire que dans une classe de 30 élèves, au moins un n’est pas élevé par ses parents biologiques.

Mais admettons (à raison) que le lien social et affectif soit plus important que le lien biologique pur ; qu’il soit absurde de casser une situation familial de fait qui fonctionne mieux que la réalité biologique. Il reste une quantité innombrable de cas où le test de paternité est un précieux outil de précision, voire même de prévision. Dans le cas d’un divorce par exemple, les frais engrangés peuvent rapidement atteindre des sommes largement supérieures à un salaire mensuel de cadre : entre les honoraires d’avocat (obligatoires pour une action civile en recherche de filiation), la prestation compensatoire et une potentielle pension alimentaire… Les 150€ d’un test de paternité sont rapidement amortis ; et comme dit un adage connu des juristes, « il vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon procès ». Savoir préalablement si un lien de filiation existe ou non entre un enfant et un parent, peut éviter de nombreux déboires judiciaires. Surtout, en cas de contestation, il est très possible que le juge ordonne même la réalisation d’un test de paternité judiciaire pour mettre fin au litige.

Encore, le test de paternité peut aussi être employé pour prouver différentes choses. Il peut indirectement témoigner d’une infidélité, lorsqu’il infirme le lien de paternité entre un père et un enfant né pendant le mariage. Cette preuve est d’autant plus utile que ledit enfant est présumé être le fils du mari tant que la preuve contraire n’a pas été apportée. Plus récemment, c’est une affaire de bébés échangés dans une maternité à Cannes qui a fait grand bruit. Un test de paternité a prouvé que les enfants n’étaient pas élevés par leurs parents biologiques, ce qui a permis aux familles lésées d’être sûres de la réussite d’une action en justice. Attention toutefois, les tests de paternité commandés sur internet ne sont pas exploitables en tant que tels pendant une action en justice. Pour pouvoir être pris en compte dans la procédure, ils doivent être requis par un juge et effectués dans un laboratoire agréé.