La facilitation de l’accès au test de paternité par internet semble le rendre disponible pour n’importe qui. Dans la mesure ou il est vendu de la même manière que n’importe quel autre produit, est-ce que cela signifie que tout le monde peut en demander un ? Tout dépend de la législation des pays envisagés. La France a sur ce point le régime le plus restrictif, puisqu’elle interdit tout accès au test de paternité hors d’une procédure judiciaire ou de la recherche scientifique. C’est la raison pour laquelle de tous les laboratoires proposant d’acheter un test de paternité en ligne, aucun n’est situé en France ; par contre, on en trouve de nombreux en Espagne, en Angleterre, en Belgique, en Suisse, au Canada ou aux États-Unis. Dans cette législation, il faut tout d’abord vérifier ce qu’il en est quant à la nécessité de consentement des participants. Autrement dit, on ne peut pas faire tout et n’importe quoi avec le test de paternité. C’est pourquoi en fonction des laboratoires et de leur localisation, des formulaires d’attestation de consentement sont joints au kit de prélèvement ADN. Il va donc sans dire que dans ce cas, seuls les personnes intéressées au test de paternité sont fondées à le demander, puisque remplir le formulaire de consentement à la place d’une autre personne reviendrait à faire un faux. La pratique nous montre toutefois qu’il est possible (sans que ce soit forcément légal) de passer outre ce consentement dans le cas de tests faits à l’insu du père présumé ou de la mère. C’est le cas pour le test de paternité, mais aussi pour le test d’infidélité par exemple.

Pour ce qui est des procédures judiciaires, les choses sont un peu différentes, et surtout beaucoup plus strictes. L’article 16-11 du Code civil français limite les cas d’ouverture de telles demandes à l’établissement/contestation de filiation, ou la demande/contestation de versement de subsides. Dans les cas envisagés par le test de paternité, seuls les pères ou les enfants sont légitimes à engager de telles actions devant la justice. En pratique, ces catégories recouvrent des réalités un peu plus larges. Ainsi lorsqu’on parle des pères, il faut aussi bien envisager les pères biologiques que les pères putatifs. Cela recouvre les cas où le père biologique veut faire reconnaître sa filiation, mais aussi celui où le père putatif voudrait nier l’imputation d’une telle filiation. De même lorsqu’on envisage l’enfant, il faut prendre en compte le fait qu’il est souvent mineur lorsque le test de paternité a lieu. Dans ce cas précis, c’est son représentant légal qui agit en son nom et pour son intérêt. C’est pourquoi on voit souvent des mères engager une action en recherche de filiation devant le tribunal civil, malgré que l’enfant soit normalement le demandeur (ceci étant dit, rien n’empêche non plus un père d’agir de même en justice pour l’intérêt de son enfant).