Les chimères font partie des rares cas qui peuvent tromper le test de paternité. Aucun besoin d’être alarmiste cependant : les cas répertoriés dans toute la littérature médicale s’élèvent aujourd’hui à une petite centaine ( http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1808039/ ). D’un point de vue génétique, les chimères sont une anomalie que l’on ne trouve qu’à de très rares occasions chez les animaux et les végétaux. Concrètement, chaque organisme vivant possède son propre ADN, qu’il porte dans chaque cellule ; pour les chimères, ce schéma est différent : elles possèdent deux populations distinctes de gènes. Factuellement, cela se traduit par la cohabitation de deux ADN dans le même organisme. On comprend donc mieux comment ce cas très particulier peut venir à fausser un test de paternité : en fonction des cellules prélevées, le résultat peut être différent selon le matériel génétique que le parent a légué à son enfant.

Pour la petite histoire, ce nom est dû à un animal issu des légendes grecques. Fille d’Échidna et Typhon, la chimère était supposée avoir une tête de chèvre, un corps de lion et une queue de serpent. C’est de cette cohabitation dans un même corps de différents animaux que le terme est resté dans la littérature scientifique. Lorsqu’elle s’applique à des êtres humains, la dénomination « chimère » ne signifie pas la cohabitation avec l’ADN d’une autre espèce, mais la présence de deux ADN humains distincts dans le corps d’une seule et même personne.

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On comprendra donc assez vite comment une telle particularité peut fausser un test de paternité : il suffit que soient prélevées des cellules du « mauvais » ADN pour que les analyses aboutissent à un résultat négatif. En pratique, cela peut faire que l’ADN dentaire d’un individu chimérique est différent de celui de ses cheveux ou de son sang.