La nouvelle a été communiquée par plusieurs pays qui réfléchissent actuellement à la question. L’Algérie a fait savoir qu’elle se penchait sur le problème, de même que le Maroc par voie ministérielle. Encore, un projet de loi a été déposé an Sénégal en 2014 pour pouvoir forcer les pères supposés (et récalcitrants) à passer un test de paternité. Dans ce dernier cas, il était apparemment prévu que les personnes se refusant au test de paternité risquaient d’être condamnées pour « non-assistance à personne en danger ». L’assimilation à cette qualification pénale pour un délit de ce genre en dit très long sur les motivations qui poussent à de telles initiatives.

Cette manière de tourner les choses montre que le problème des « mères célibataires » est quelque chose que ces pays veulent endiguer. Pour ce faire, ils considèrent que le test de paternité est un moyen efficace ; mais pour quelles raisons ? Pour le comprendre, il faut expliquer succinctement l’une des caractéristiques communes au droit de la famille dans la plupart des pays songeant à cette initiative. En très grande majorité, ce sont des États dont le droit de la filiation est patrilinéaire. Cela signifie que la transmission se fait principalement par la lignée paternelle, et c’est là tout le problème dans le cas d’une mère célibataire.

En effet, une femme qui accouche d’un enfant sans filiation reconnue en sera quitte pur un véritable parcours du combattant. La transmission du nom et d’autres droits se fait beaucoup plus difficilement dans ce cas précis. Parfois même, ces enfants sans père reconnu sont qualifiés d’ « enfants du pêché » ; et même si le père est connu, il faut engager une action en justice pour que l’enfant soit reconnu comme celui de ce père présumé. Encore une fois, il y aura là un obstacle de taille puisque la plupart des constitutions de ces mêmes pays prévoient de la libre disposition de son corps par tout un chacun. Autrement dit, il y est impossible de forcer un homme à subir un test de paternité contre son gré.

À ce stade, ce sont deux logiques qui se rencontrent et se confrontent : le principe de libre disposition de soi contre le principe de responsabilité. Beaucoup considèrent que malgré l’indisponibilité du corps humain, un géniteur dans un pays au droit patriarcal et patrilinéaire se doit d’assumer ses responsabilités en toutes circonstances. Il semblerait donc normal qu’un enfant, même non désiré, ne pâtisse pas du fait que son père refuse de le reconnaître ; mais comme énoncé plus haut, les mesures pour un test de paternité légal et coercitif sont très difficiles à mettre en place sans bafouer les droits fondamentaux de l’individu. C’est pourquoi en l’attente d’une solution viable, certains de ces pays ont dû reconnaître la filiation maternelle unique comme viable.