Parmi les études scientifiques sur l’ADN, l’une des plus récentes se démarque par l’ampleur du travail et la présentation des résultats. Des chercheurs de Londres, d’Oxford et de Leipzig, ont réalisé des tests ADN sur 1490 personne afin de déterminer des profils génétiques en fonction des populations d’origine. En fonction des gènes récurrents chez des groupes précis de population, il a été possible d’établir des marqueurs génétiques spécifiques aux ethnies d’origine. Mieux encore : le projet se proposait d’établir une chronologie des mélanges génétiques entre les populations, à l’aide des tests ADN et de l’histoire connue des mouvements de population. Le résultat prend la forme d’une carte interactive, et consultable ici :

http://admixturemap.paintmychromosomes.com/

On y retrouve des métissages connus, mais d’autres jusque là insoupçonnés. S’il n’est pas surprenant de retrouver de l’ADN chinois chez les tribus mongoles, il est en revanche plus étonnant de trouver des traces d’ADN gallois chez les pygmées baka, La grande innovation de cette étude réside donc aussi bien dans les mouvements de population qu’elle confirme, que dans ceux qu’elle nous fait découvrir.

Outre les questions soulevées par les corrélations d’ADN établies, d’autres montrent la prudence des chercheurs et incitent à rechercher plus en profondeur. Les résultats pour l’ADN colombien sont par exemple qualifiés d’ « uncertain ». Cela signifie que les marqueurs ADN sont soit présents en trop faible quantité pour être exploitables, soit que le métissage est devenu trop complexe pour pouvoir en dégager un profil exact. En revanche, les résultats concluants sont caractérisés par deux critères, la date et le nombre de groupes ethniques impliqués : eux-mêmes sous-divisés en deux possibilités :

– « one date » : le métissage s’est fait sur une période de temps très « courte » (de l’ordre de quelques siècles)

– « multiple dates » : le mélange de populations a connu plusieurs vagues au cours des derniers millénaires

– « one way » : le mélange ethnique tient majoritairement à un grand groupe de population (qui peut comporter plusieurs sous-groupes distincts)

– « multiway » : l’ADN montre que le groupe étudié a subi l’influence génétique de plusieurs grands groupes ethniques (comme les juifs indiens, pour qui on remarque des traces iraniennes et sindhi, deux groupes n’étant pas issus du même continent).