Le cancer est-il dû au hasard génétique ?

C’est la surprenante – mais néanmoins très sérieuse – thèse parue dans Science Mag. Elle est soutenue par Cristian Tomasetti et Bert Vogelstein, chercheurs de l’université américaine Johns Hopkins aux départements de biologie et d’oncologie. Le titre de leur étude révèle leur conclusion déjà contestée en masse par leurs confrères : « Variation in cancer risk among tissues can be explained by the number of stem cell divisions ». Globalement, cette étude indique que le risque de cancer est dû pour ? à des mutations génétiques défectueuses mais surtout aléatoires. C’est cette dernière raison qui fait tiquer la communauté scientifique, puisqu’elle remettrait en cause presque tout l’intérêt de l’épigénétique et l’étude des facteurs extérieurs. Le Pr Bruce Ponder explique ainsi que ces mutations peuvent très bien être causées par tout autre chose que la division cellulaire classique. Le Pr Tomasetti lui, explique au contraire sur ce point que changer nos habitudes de vie pourra être bénéfique à la prévention de certains types de cancers, mais totalement inutile pour lutter contre d’autres.

La méthode de recherche des scientifique de Johns Hopkins s’est voulue mathématique. Le postulat de départ est simple : chaque mutation génétique peut entraîner des erreurs, qui elles même peuvent engendrer un cancer. Vogelstein et Tomasetti ont donc appliqué cette méthode à plusieurs organes et tissus corporels, par le biais de tests ADN visant à identifier les cellules incriminées. Logiquement, ceux qui présentaient le plus de risque de développer un cancer étaient aussi ceux qui présentaient aussi le plus de mutations génétiques. Vogelstein en tire donc des conclusions pour la manière de lutter contre le cancer. Il indique qu’il vaut mieux parer aux premières manifestations plutôt que de vouloir empêcher la naissance du cancer même, puisque celui-ci peut survenir aléatoirement dans ? des cas sans que l’on ne puisse rien y faire.

Un autre gros manque souligné par les détracteurs de cette étude est l’absence d’analyse des cancers les plus fréquemment rencontrés dans la pratique. Ainsi, l’étude de Vogelstein et Tomasetti ne relate de test ADN sur aucun cancer de la prostate, ni sur aucun cancer du sein. Or, ce sont respectivement ceux que l’on trouve le plus chez l’homme et la femme. Sans rejeter en bloc toutes les conclusions de cette étude, il serait probablement plus prudent de rester encore prudent quant à ce qu’elle nous dit de l’origine du cancer. Pour ce faire, chacun peut se faire un avis en en lisant les développements complets à cet endroit :

http://www.sciencemag.org/content/347/6217/78.abstract