La rubrique de ce site relative aux actualités le prouve à maintes reprises : de plus en plus de célébrités ont recours au test de paternité. Pourquoi cet engouement soudain ? La première raison est bien évidemment celle de l’évolution des sciences : la technique étant apparue dans les années 80, on avait peu de chances de voir dans les années 60 un enfant naturel demander un test de paternité à JFK ou Frank Sinatra ; mais une fois popularisée, la méthode du test de paternité n’a pas échappé aux regards les plus attentifs, et pour cause !

On a déjà vu qu’en l’absence du test de paternité moderne, de multiples montages juridiques permettaient de déduire cette paternité à partir d’indices et/ou de présomptions. C’est pourquoi en droit français, un enfant né pendant le mariage est réputé être le fils du mari et de la femme si personne ne vient contester cette paternité. De la même manière, le mécanisme de la possession d’état permet d’établir une filiation juridique entre un père putatif et un enfant, si l’on retrouve les critères du nomen, de la fama et de la tractatus (soit le nom, la réputation et le traitement). On remarque d’emblée que ces mécanismes visent non pas à prouver la paternité biologique, mais à viser la paix sociale en donnant pour père de l’enfant la personne qui s’en occupe en tant que tel.

C’est à ce point qu’on en revient aux célébrités, qui ont également subi la hausse des divorces durant la seconde moitié du XXème siècle. Les mécanismes cités plus haut ont l’avantage d’imputer plus facilement un père à un enfant, mais prêtent aussi à la fraude. Or pendant une procédure de divorce, la prestation compensatoire (pour l’épouse) et la pension alimentaire (pour les enfants) sont calculés en fonction des biens et des revenus de l’époux (la quasi-majorité du temps). Dans le cas des revenus faramineux que l’on connaît aux plus grandes stars, les proportions prises par ces versements peuvent parfois atteindre plusieurs millions de dollars ou d’euros. Il est donc particulièrement tentant de prouver la filiation d’un enfant par un mécanisme juridique, qui ne correspond toutefois pas à la réalité biologique ; de l’autre côté, il est aussi très sécurisant de demander un test de paternité pour être sûr de ne pas verser plusieurs millions dans l’éducation d’un enfant dont une star n’est pas biologiquement le père. On se rappelle notamment d’Aurore Drossart, qui avait été déclarée fille d’Yves Montand en première instance, ce qui lui donnait droit à une part du patrimoine du chanteur décédé. C’est une décision ultérieure qui fera polémique tout en réglant définitivement l’affaire, puisqu’un test de paternité effectué sur le corps d’Yves Montand déterminera qu’aurore Drossart n’est pas sa fille. Depuis, beaucoup d’autres célébrités y sont passées, aussi bien pour démentir une paternité que pour la prouver, voire la contester.