Oui. Cette possibilité est toujours réservée aux participants, ce qui se ressent principalement chez les pères présumés. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, même les pays dont le droit est éminemment patriarcal n’imposent pas de se soumettre à un test de paternité, même légal. Qu’est-ce qui l’empêche exactement ? La protection des droits individuels. La Constitution algérienne garantit par exemple le respect du corps humain et de son intégrité. C’est en tout cas derrière cette disposition que se retranchent les défenseurs du droit à refuser le test de paternité. Pourtant, il a déjà été plusieurs fois question de modifier le régime légal en raison des abus qui sont faits quant à ce droit.

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Plus précisément, les personnes visées sont les pères présumés que l’on accuse de ne pas assumer un enfant. Dans des pays où la reconnaissance d’un enfant est fondée sur la filiation paternelle, le cas des mères célibataires pose un problème certain ; ainsi, un géniteur refusant de passer un test de paternité légal peut ce faisant mettre ua ban de la société la mère comme l’enfant. Si rien ne l’empêche légalement, la situation semble moralement et socialement intenable pour beaucoup. C’est pourquoi des initiatives tendant à la reconnaissance forcée ont petit à petit vu leur poids s’accroître. Un projet de loi a été déposé dans cette optique au Sénégal afin de forcer les pères présumés à se soumettre au test de paternité. En cas de refus, le projet prévoit la possibilité de poursuites pour « non assistance à personne en danger ». Cette qualification est révélatrice de la situation précaire dans laquelle peut se trouver une mère porteuse d’un enfant que son père refuse de reconnaître.

Ces dispositions restant pourtant très difficiles à mettre en place, car elles vont généralement à l’encontre de droits fondamentaux de la personne garantis par la Constitution. Ainsi, il n’est pas encore réellement possible de forcer un père présumé à passer un test de paternité. En revanche, un mécanisme juridique existant permet au juge de tirer des conclusions de ce refus. En effet, le refus de passer un test de paternité, bien que légal, est un élément de procédure comme un autre. De fait, un juge peut très bien en prendre compte au même titre que n’importe quel autre élément. Dans une affaire Canonne, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a déclaré cette pratique tout à fait légale. Ce faisant, elle a également précisé un point important quant au bien fondé d’une telle manœuvre : les droits de l’enfant sont aussi importants que ceux du parent, notamment en ce qui concerne ses origines et son état civil. C’est pourquoi il n’est pas illogique qu’un juge prenne en compte le refus de passer un test de paternité, sans pour autant que ce droit de refus ne soit factuellement contesté au père présumé.