Pour un test de paternité que l’on commande sur internet, il n’y a aucunement besoin d’un docteur. Tout est justement prévu pour que la procédure de prélèvement puisse se faire à domicile par tout un chacun. C’est l’intérêt premier de ce qui a été choisi comme la procédure standard de prélèvement, à savoir le frottis buccal. Il peut être pratiqué sur n’importe qui, à n’importe quel âge, sans aucune conséquences sur la santé : il suffit de se passer un écouvillon dans la bouche et de le laisser sécher. Ceci étant dit, le test de paternité ne doit pas uniquement être considéré sous l’angle des risques physiologiques, inexistants en pratique.

L’aspect souvent oublié du test de paternité tient à ses possibles conséquences psychologiques. Pourtant, c’est celui qui est le plus à même d’avoir des conséquences : comme on a pu le voir, les risques pour la santé sont, eux, nuls. La législation française prévoit par ailleurs un devoir d’information des tenants et aboutissants préalablement au test de paternité. On retrouve cette obligation dans le code Civil par exemple, en son article 16-11. Ce dernier indique qu’en cas d’identification pour une recherche médicale ou scientifique, la personne doit être « dûment informée de sa nature et de sa finalité ». De même, le Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile (CESEDA) nous indique en son article 111-6 qu’« une information appropriée quant à la portée et aux conséquences d’une telle mesure leur est délivrée ».

Ces mesures tendent, comme beaucoup d’autres dans cette optique, à montrer aux personnes que le test de paternité n’est pas un acte anodin ; mais quels sont concrètement les risques dont on veut se prévaloir par l’information des participants, aussi bien dans les procédures judiciaires que lors des tests de paternité domestiques ? Pour le comprendre, il est intéressant de revenir à la genèse de l’article 111-6 du CESEDA. Il prévoit la possibilité de réaliser un test de maternité pour prouver sa filiation, mais pas un test de paternité. Cette dernière possibilité a été abandonnée pour plusieurs raisons. Parmi les principales, on considérait que le test de paternité avait de beaucoup trop grandes chances de révéler une discordance de paternité de manière inopportune. Concrètement, on a fini par considérer qu’il n’était pas convenable de faire potentiellement découvrir à une personne lors d’une demande d’asile que son père reconnu n’est pas son père biologique. À ces considérations s’ajoutent les conséquences juridiques que peut avoir un lien biologique avéré par un test de paternité. Si l’enfant ou la mère engage une action en justice, le père peut rapidement être forcé par la justice d’assumer une paternité qu’il ne souhaitait pas.