On le sait déjà, le test de paternité a de fortes implications en matière de filiation. On le constate surtout par la priorisation du lien biologique sur le lien social. Autrement dit, la filiation biologique aura toujours le dessus sur la filiation putative (lorsque l’action en justice est menée dans les délais). Pour un particulier lambda, les changements dans les rapports de filiation peuvent entraîner le versement d’une pension alimentaire, un divorce, un nouvel ayant-droit pour une succession… ce qui reste somme toute assez commun. En revanche, lorsque ces actions relatives à la filiation touchent des personnages de haut rang, les implications peuvent être ravageuses. En voici quelques exemples :

  • Juan Carlos d’Espagne : cet ancien monarque du royaume d’Espagne a récemment abdiqué pour laisser la couronne à son fils. Cédant aux pressions, le roi était acculé par les scandales qui l’entouraient. En parallèles des affaires de corruption et de blanchiment, on lui reprochait des enfants illégitimes et de trop nombreuses relations extra-conjugales. Ces dernières affaires ont commencé à sérieusement s’envenimer pour lui lorsqu’Alberto Sola Jimenez et Ingrid Sartiau ont décidé de demander en justice un test de paternité, afin de savoir s’ils étaient bien ses enfants illégitimes. N’étant plus souverain après son abdication, un tribunal avait d’abord décidé d’accéder à la requête d’Ingrid Sartiau avant que la plus haute juridiction espagnole ne vienne couper court à cette demande. Ces affaires auraient pu aller jusqu’à remettre en cause le trône d’Espagne, puisqu’Alberto Sola Jimenez aurait été l’aîné des enfants du roi si un test de paternité positif avait résulté de cette affaire.
  • Ali Bongo : l’actuel président du Gabon voit sa parenté contestée par l’opposition. L’intention n’est pas qu’informative, mais très éminemment politique. Officiellement, Ali Bongo est connu comme le fils d’Omar Bongo. Officieusement, on lui reproche d’avoir été adopté par ce dernier alors qu’il n’était qu’un enfant du Biafra (dans l’actuel Nigeria). Le propos n’est pas innocent, puisque la Constitution gabonaise prévoit que seuls les citoyens gabonais peuvent prétendre briguer la présidence de la République. Si un test de paternité venait prouver qu’Ali Bongo n’était pas le fils d’Omar Bongo mais bel et bien un enfant issu d’un pays étranger, cela remettrait en cause son statut actuel de dirigeant du Gabon. L’affaire a été relancée dans le dernier ouvrage du journaliste Pierre Péan, qui y dénonce divers scandales liés à l’Afrique en général et au Gabon en particulier. L’ouvrage a été mal reçu au point que la famille Bongo a porté plainte contre Pierre Péan devant les tribunaux français.