Des tests ADN pour le tombeau d’Amphipolis

Découvert en 2012, ce tombeau macédonien aussi dénommé « tombeau de Kafta » intrigue les spécialistes. C’est le plus grand de la sorte découvert à ce jour, à tel point que certains ont supposé que les occupants de ce monument funéraire étaient des proches d’Alexandre le Grand. On a ainsi songé par ricochet à son épouse perse ou sa mère, car il paraissait improbable que ce tombeau soit celui d’Alexandre III de Macédoine. Actuellement, on pense que ce monument funéraire serait celui d’un riche notable macédonien, ou bien celui d’un membre de la famille royale, voire d’un grand général du souverain. En effet, on y trouve des fresques, du marbre, et on a pu constater que le monument avait déjà été profané au cours de l’Histoire. C’est pourquoi peu d’objets de valeur s’y trouvent aujourd’hui, et que les restes humains portent les traces de déplacements.

Une découverte de taille en indique pourtant plus sur l’identité de son propriétaire. On pensait au départ que cette structure n’abritait que le corps d’une personne. Un test ADN a été effectué sur les ossements trouvés afin d’en savoir davantage. Les estimations sur le nombre d’habitants du caveau ont dû être revues à la hausse par les paléontologues, puisque les résultats du test ADN révèlent la présence – au moins – de 5 personnes. L’un d’entre eux serait un nouveau-né, deux d’entre-eux des hommes d’âge moyen et un autre serait celui d’une femme d’environ 60 ans. Le test ADN a aussi révélé que le dernier corps identifié avait été incinéré. De nouvelles analyses doivent être faites pour compléter les données actuelles, puisque ce sont aujourd’hui 550 ossements ou fragments d’os qui ont été trouvés dans le tombeau. Cependant, un seul crâne subsistait dans le monument, celui de la sexagénaire. En outre, une étude archéologique des ossements a montré que l’un des deux corps d’hommes avait été blessé par une arme tranchante. À la lumière de ces éléments, les chercheurs vont maintenant procéder à de nouveaux tests ADN afin de déterminer les liens de parenté (ou non) entre les occupants du monument.

Le gouvernement grec a largement participé à faire la promotion de cette découverte, par le biais de son ministre de la culture. Les contradictions entre les nécessités de la recherche et celles des médias se sont alors rapidement faites sentir. L’exposition médiatique a commencé avec une visite du premier ministre grec Antónis Samarás sur le lieux des fouilles. La demande constante d’actualité en quasi-temps réel s’est confrontée aux nécessités qu’a la science historique de prendre du recul et de ne pas se précipiter. Plusieurs chaînes ont envoyé des reporters pour couvrir l’événement, mais ces derniers durent attendre comme tout le monde les résultats des analyses archéologiques et des tests ADN. Certains vont alors jusqu’à dire que cette incitation constante des médias à créer de l’événement pourrait même nuire au travail des historiens sur ce site.

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