Des tests ADN contre le trafic d’ivoire

Aujourd’hui, il y a vingt fois moins d’éléphants en Afrique qu’en 1900. Cette décroissance est grandement due au braconnage, qui entraîne un cercle vicieux : plus l’éléphant est chassé pour son ivoire, moins il y en a ; et moins il y a d’éléphants, plus l’ivoire devient précieux et recherché. Ajouté à des mythes tels que celui du cimetière des éléphants, la traque de ces animaux est devenue au fil du siècle un problème de plus en plus sérieux pour la survie de l’espèce. Le Togo est l’un des plus gros carrefours de ce trafic, mais les autorités du pays n’entendent pas rester inertes devant le braconnage.

Pour lutter contre la revente clandestine d’ivoire, les services togolais utilisent maintenant le test ADN sur les défenses saisies. Ainsi, il devient possible d’avoir plus d’information sur les éléphants dont est issu le matériau précieux, comme la sous-espèce, sa provenance, son âge… C’est originellement par ce même biais du test ADN que les autorités asiatiques ont prévenu le Togo d’une arrivée massive d’ivoire d’origine africaine sur son territoire. En 2013, ce sont par exemple 3,8 tonnes d’ivoires qui ont été saisies en une seule fois (!) dans un bateau à Lomé en partance pour le Vietnam.

Pour assister les autorités du Togo dans l’utilisation du test ADN contre le braconnage, le commissaire Charles Minpame Bolenga explique que des experts d’Interpol sont venus prêter main forte aux douaniers togolais pour appliquer la loi ; car il faut rappeler que le commerce de l’ivoire est interdit depuis 1989, en raison du risque sérieux d’extinction des espèces concernées comme les éléphants mais aussi les rhinocéros. En amont, la police locale a intensifié les contrôles inopinés. Les marchandises en partance du port de Lomé sont ainsi scannées autant que possible, et plusieurs commerçants togolais ont eu la mauvaise surprise de voir la police surgir dans leur boutique afin de contrôler qu’ils ne vendent pas d’ivoire. La manœuvre a d’ailleurs payés, puisque plusieurs procès pour braconnage sont en cours et sont en attente de délibération.

Les tests ADN révèlent qu’une part non négligeable des éléphants tués étaient encore en jeune âge. C’est un coup dur pour le renouvellement générationnel de l’espèce, et si les autorités ne parviennent pas à enrayer le phénomène, les éléphants risquent de disparaître du continent africain à l’état sauvage d’ici quelques dizaines d’années. On compte en moyenne 60 éléphants tués par jour en raison du trafic d’ivoire. Au vu de la baisse drastique des spécimens encore vivants, on pourrait penser que les braconniers se tirent une balle dans le pied ; c’est sans compter sur les prix du marché noir, qui flambent littéralement à mesure que la matière première se raréfie.

Lien: http://www.lepoint.fr/people/trafic-d-ivoire-le-togo-pratique-des-tests-adn-sur-les-defenses-saisies-09-06-2014-1833937_2116.php