Test de paternité et politique : quelles sont les implications ?

 

Au delà du bruit médiatique que peuvent avoir de telles affaires, le test de paternité lié aux affaires politiques peut devenir très compromettant pour ceux qu’il concerne. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler quelques cas notables (encore en cours pour certains) :

– Juan Carlos d’Espagne : au scandale financier dans lequel était impliqué sa famille sont venues s’ajouter deux affaires de test de paternité. La première était le fait d’Alberto Sola Jimenez. La demande de ce dernier n’a jamais abouti, ce qui sauve l’ex roi d’Espagne d’une situation délicate : en effet, cet enfant non reconnu était plus vieux que tous les enfants légitimes du roi. On peut donc se demander si un test de paternité légal mené jusqu’au bout aurait pu changer l’ordre successoral concernant la couronne d’Espagne. Le deuxième test de paternité qui lui a été demandé fut le fait d’Ingrid Sartiau, dont la mère avait avoué une aventure avec Juan Carlos quelques dizaines d’années auparavant. La demande d’Ingrid Sartiau a été beaucoup plus loin que celle d’Alberto Sola Jimenez, puisque l’affaire est montée jusqu’à la plus haute cour du pays (qui a fini par rejeter sa demande). Si ces affaires n’ont pas remis en cause le passage du pouvoir à son fils Felipe, elles ont toutefois très probablement contribué à l’impopularité grandissante de Juan Carlos, et in fine à son abdication au profit de son fils (légitime).

– Ali Bongo : selon l’opposition politique, le fils d’Omar Bongo ne serait justement pas son fils. La polémique a été relancée par le journaliste français Pierre Péan, dans la suite de son premier ouvrage « Affaires africaines ». La thèse développée est qu’Ali Bongo ne serait pas un enfant légitime d’Omar Bongo, mais qu’il serait natif du Biafra et aurait été adopté par Omar Bongo. Ce faisant, il ne pourrait pas être président du Gabon puisque la Constitution gabonaise impose que cette fonction soit briguée par un citoyen natif du Gabon. On comprend donc mieux pourquoi l’opposition politique met en avant cet argument, et demande depuis un certain nombre d’années qu’Ali Bongo réalise un test de paternité. De son côté, la famille Bongo ne compte pas laisser ces accusations sans réponse puisqu’une procédure a été engagée en France contre le journaliste d’investigation Pierre Péan.

– Evo Morales : le président bolivien a lui aussi eu droit à son scandale au test de paternité. Une de ses ex-concubines déclare que l’enfant dont elle est mère aurait pour père Evo Morales. De son côté, le désormais ancien président de la Bolivie a changé plusieurs fois de version auprès des médias et du public. On imagine qu’en pleine période électorale, ce feuilleton qui a tenu en haleine tout un pays n’a pas aidé le président sortant à lisser son image.