Pourquoi un test de paternité sur Ali Bongo poserait-il problème ?

 

Une nouvelle fois au Gabon, il est question de faire passer un test de paternité à Ali Bongo. Le feu a été mis aux poudres par le nouvel ouvrage du journaliste d’investigation Pierre Péan. Intitulé « Nouvelles affaires africaines : mensonges et pillages au Gabon ». Si le ton est nettement assumé dès la couverture, il se place néanmoins dans la suite du premier ouvrage « Affaires africaines », écrit par le même auteur en 1983. S’il y dénonce la Françafrique, la corruption, les manœuvres politiques et autres, il revient également sur les origines d’Ali Bongo.

 

En effet, Pierre Péan déclare dans son livre que l’actuel président du Gabon, Ali Bongo, ne serait pas le fils biologique d’Omar Bongo. Ce dernier aurait en fait récupéré Ali Bongo au Biafra, qui était alors une province sud-nigériane. S’en serait suivi une adoption de l’enfant par Omar Bongo, qui serait alors devenu Ali Bongo seulement à ce moment, et non pas par sa naissance. L’hypothèse étant posée, pourquoi certains insistent à ce point pour qu’Ali Bongo passe un test de paternité en bonne et due forme ? En fait, la réalité ou non de ses liens biologiques avec Omar Bongo sont susceptibles d’avoir de lourdes conséquences politiques.

 

Pour être admis à se présenter à l’élection présidentielle du Gabon et exercer ce pouvoir, il faut être né de nationalité gabonaise. À ce stade, deux hypothèses sont possibles :

 

– Ali Bongo est bel et bien le fils biologique d’Omar Bongo. Dans ce cas, il est né gabonais car issu de parents gabonais.

– Ali Bongo a été adopté. S’il est né au Biafra et non au Gabon comme l’indiquent ses détracteurs, cela signifierait qu’il a été naturalisé gabonais. N’étant pas né avec cette nationalité, il ne pourrait donc pas être admis à exercer le pouvoir au poste de président de la République.

 

C’est pourquoi les opposants politiques demandent à la famille Bongo de réaliser ce test de paternité, si Ali Bongo est réellement certain des origines qu’il affiche. De son côté, la famille Bongo balaye ces accusations d’un revers de main. Elle les considère au mieux comme de vagues élucubrations, au pire comme une tentative de déstabiliser le président au pouvoir. Le débat sur ce test de paternité prend pourtant tout son sens à mesure que les élections présidentielles approchent à grand pas. Prévues pour août 2016, elles pourraient changer la donne pour un pays qui n’a pas connu d’alternance politique depuis 1964.