Des tests de paternité pour les tigres de Sibérie

La province chinoise du Heilongjiang a été témoin de nombreux heureux événements. Son parc à tigres a en effet vu 105 naissances durant la seule année 2014, indique ledit parc. La nouvelle est d’autant plus heureuse que le tigre de Sibérie est l’une des espèces les plus proches de l’extinction dans le monde. Réduite à quelques centaines d’individus répartis principalement entre la Chine et la Russie, cette espèce avait pâti du braconnage, de la chute de l’URSS et de certains hivers rigoureux durant la fin du XXème siècle. Ainsi, L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, ou UICN, comptait seulement entre 18 et 22 tigres de Sibérie dans les contrées chinoises. Cette même UICN classe d’ailleurs l’espèce comme CR, c’est à dire en danger critique d’extinction.

Conscient de ce danger pour l’espèce, le gouvernement chinois a décidé de réagir par le biais du parc du  Heilongjiang. Une initiative a donc été prise pour que ce domaine devienne le plus grand centre d’élevage et de réintroduction dans la nature pour le tigre de Sibérie. Dans cette optique, une autre problématique est venue se greffer à la réinsertion : celle de la viabilité génétique des spécimens. On connaît sur les humains les dangers de la consanguinité, et ses conséquences sur les descendants. Ces risques ne sont pas moins présents chez les tigres, et c’est pourquoi le parc vise également à conserver une bonne qualité génétique aux animaux qui empêcheront l’espèce de disparaître. Le Dr Liu Dan, ingénieur en chef du parc, développe le propos en expliquant qu’ici le plus n’est pas le mieux quant aux individus nés en captivité. Des solutions sont donc mises en place afin d’éviter au maximum les risques de reproduction consanguine entre les tigres, d’autant plus que les risques de malformations augmentent avec la fréquence de ces reproductions.

Le parc a donc opté pour le test ADN. Par ce biais, le contrôle dans la viabilité des reproduction est scruté au plus près. Dans ce cadre, de multiples tests de paternités, mais aussi de lignée mâle et de lignée femelle, sont actuellement opérés parmi les spécimens du parc. Il s’agit par ce biais de préparer la réinsertion de plusieurs tigres dans la nature en évitant de relâcher trop de membres d’une même lignée qui risqueraient de se reproduire entre eux. Le Dr Liu ajoute au sujet des félins que la réintroduction dans la nature les a rendu « plus prédateurs ». L’opération semble prendre pied, même si la question génétique et la raréfaction des espaces naturels rend la chose encore risquée. Malgré cela, on compte à ce jour plus de 1000 tigres de Sibérie dans ce seul parc, dont certains sont en passe d’être réintroduits en milieu naturel. Au vu des 8 tigres que comptait au départ la structure on peut a minima estimer que le pari d’origine est tenu.