La redécouverte de l’ADN canin ?

On retrouve des traces d’élevage canin par des hommes en remontant jusqu’au paléolithique, c’est à dire il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. En termes d’évolution des espèces, on a longtemps situé le chien domestique comme un croisement entre le loup et le chacal. Cette ambivalence est d’ailleurs palpable dans la culture antique, notamment en Égypte où le dieu Anubis est représenté soit avec une tête de chien, soit avec une tête de chacal. Cette théorie du croisement entre le loup et le chacal a été plus tard appuyée par des scientifiques tels que Charles Darwin dans sa théorie de l’évolution, ou plus tard le biologiste et naturaliste Konrad Lorentz.

Sauf que… l’épreuve du test ADN a plutôt montré un rapprochement fort entre le chien et le loup. Plus précisément, le chien descendrait du loup gris et les deux lignées d’espèce se seraient séparées il y a environ 100 000 ans. Cette sélection n’est pas le fruit du hasard ; lors de ses premiers essais de domestication, l’homme s’est retrouvé confronté face à l’élevage d’animaux complètement sauvages. Par la force des choses et le simple pragmatisme, les éleveurs canins ont choisi les loups présentant les meilleures prédispositions à l’élevage, c’est à dire la docilité, l’acceptation de l’homme comme maître…

Ce test ADN canin vient confirmer une expérience de sélection génétique pratiquée en URSS par le biologiste Dmitri Beliaïev. Son expérience portait non pas sur les loups, mais sur les renards. Le but était d’étudier les modifications génétiques chez ces renards au fil des générations, en en sélectionnant quelques uns parmi les portées pour les faire se reproduire. Le critère de sélection en question était très simple : l’acceptation de l’homme. Les spécimens les plus craintifs étaient écartés, tandis que les moins farouches étaient conservés et incités à se reproduire. Le résultat sur l’ADN des renards fut identique à celui constaté sur l’ADN des chiens et des loups. En 8 générations, les oreilles se sont rétrécies, le pelage s’est modifié, et les renards de la dernière génération obtenue venaient d’eux-même câliner les scientifiques ou les lécher en signe d’affection. On suppose que de la même manière, l’ADN des chiens s’est séparé de celui des loups par une sélection de commodité effectuée par les hommes.

Au vu des résultats, on pourrait penser que le chien a été lésé sur l’échelle de l’évolution : son cerveau est moins gros que celui du loup, il est physiquement moins fort et montre une plus grande dépendance à l’homme pour subvenir à ses besoins primaires. Il n’en est pourtant rien, puisque c’est en fait le chien qui a su le mieux s’adapter à un environnement de plus en plus marqué et dominé par la main de l’homme. Son ADN s’est alors détaché de ses origines de loup, puis modifié pour correspondre aux critères de sélection humains. C’est pourquoi on dénombre aujourd’hui plusieurs centaines de millions de chiens dans le monde, tandis que les loups ne sont plus qu’une espèce menacée s’élevant à quelques dizaines de milliers d’individus dans le monde.