Un test de paternité pour Ali Bongo ?

Le feu a été mis aux poudres par le livre nouvellement sorti du journaliste Pierre Péan, sobrement intitulé « Nouvelles Affaires Africaines : Mensonges et Pillages au Gabon ». Ce titre fait référence aux « Affaires Africaines » du même auteur, sorti 21 ans plus tôt en 1983. Dans son nouvel ouvrage sorti en 2014, il est un postulat qui a cristallisé l’indignation de certains et l’intérêt des autres : Ali Bongo ne serait pas gabonais. On aurait pu penser que ce seraient les accusations de financement occulte, les révélations d’assassinats politiques, la falsification supposée de ses diplômes par Ali Bongo ou même les preuves de corruption qui, qui auraient été à l’origine des plus vives protestations ; il n’en est rien, puisque c’est l’accusation de ne pas être gabonais que l’actuel président de ce pays a retenu. L’élément semble anodin, mais une explication détaillée nous montre bien que c’est dans les détails que se cache le diable : la Constitution gabonaise indique qu’il faut être gabonais pour pouvoir participer à l’élection présidentielle. Or, dire qu’Ali Bongo n’est pas originaire du Gabon revient à postuler qu’il n’est intrinsèquement pas légitime à exercer ses fonctions actuelles.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe, et les deux camps semblent sûrs d’eux. De son côté, Pierre Péan est tout à fait prêt à voir Ali Bongo passer un test de paternité pour prouver qu’il est bien le fils biologique d’Omar bongo. Ce faisant, il prouverait – si le test de paternité est positif – qu’il est bien gabonais d’origine puisque fils légitime et biologique d’un illustre gabonais. Pour le journaliste, Ali bongo serait un enfant originaire du Biafra (réintégré au Nigeria en 1970) qu’Omar Bongo aurait adopté. Cette hypothèse n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, puisque l’opposition politique voit cette révélation comme une occasion de destituer Ali bongo de son poste. C’est pourquoi ce dernier, pour mettre fin à toute rumeur, a décidé de porter plainte contre Pierre Péan. En amont, une vaste campagne de communication est agencée pour décrédibiliser le journaliste français et son travail. Il a notamment circulé l’exemplaire d’un contrat relayé par le site Rue89, qui indiquait que Ziad Takieddine pouvait faire taire Pierre Péan pour 10 million d’euros. Bien évidemment, les intéressés démentent de toutes parts. Il n’empêche que de telles pratiques montrent que la guerre est déclarée entre le président et le journaliste, et que tous les moyens sont bons pour la gagner. Ainsi, on a pu voir la habituellement très discrète Pascaline Bongo apporter son total soutien à son frère dans l’affaire. De l’autre côté, l’opposant au régime Pierre-André Kombila demande également à ce que soit fait ce test de paternité, qui selon lui sera probablement en défaveur du président gabonais. Affaire à suivre donc.