Rodney Reed : l’ADN l’a condamné, va-t-il aussi le sauver ?

Tout commence en 1996 lorsque Stacey Lee Stites est retrouvée violée et décédée. Le principal suspect, Rodney Reed, crie alors son innocence. Les preuves semble pourtant s’accumuler massivement dans le sens de sa culpabilité, et les suspicions deviennent des accusations. Après un test ADN sur le corps, l’empreinte génétique de Reed est retrouvé sur le corps de Stacey Stites, ce qui fait converger la majorité des doutes vers sa personne. Pourtant, lui assurera que cette présence de son ADN est due à une relation consentie qu’il a entretenue pendant 6 mois avec Stacey Stites. Toujours selon Reed, ils auraient eu des rapports intimes à quatre reprises pendant le semestre. Cette version ne suffit pas à convaincre le jury, qui décide de le condamner à mort pour le viol et le meurtre de la jeune femme.

Rodney Reed ne démord pourtant pas, et continue de clamer son innocence malgré sa condamnation. Les avocats qui le défendent, eux, soulèvent de nombreux points troubles du dossier. Ils relèvent d’abord la prégnance des inégalités raciales aux États-Unis ; on sait en effet que le taux de condamnation en juridiction criminelle y est supérieur chez les populations afro-américaines, y compris chez les accusés ensuite innocentés. Le juge étant blanc, et le jury qui a condamné Reed étant aussi entièrement composés de personnes blanches, il n’en fallait pas moins aux avocats de Rodney Reed pour soulever des soupçons de condamnation raciste. Pour étayer cette thèse, il indique également qu’un test ADN a été effectué sur le corps de la victime, alors qu’aucun test ADN n’a encore été fait sur la ceinture qui a servi à l’étrangler, et sur quelques autres scellés encore en possession de la justice.

Dès lors, qui serait le meurtrier si Rodney Reed était innocent ? Les avocats de ce dernier pointent du doigt le fiancé de Stacey Stites, qui était le suspect originel de cette accusation de meurtre. Sa situation actuelle va entièrement dans ce sens, puisqu’il est à ce jour détenu en prison dans le cadre d’une autre affaire. Il est en effet accusé, dans le cadre de ses fonctions d’officier de police, d’avoir kidnappé et agressé sexuellement une personne dont il avait la charge pendant son service.

C’est donc tout naturellement que les défenseurs de Rodney Reed ont fait appel de cette décision de justice. Ils ont pour cela soulevé un point litigieux de l’examen médico-légal, qui n’a pas su dire avec certitude si l’ADN de Reed était présent en Sacey Stites suite à un rapport consenti ou à une relation forcée. Des témoignages d’amis de la victime sont également venus renforcer la version du condamné à mort, en attestant de la relation qu’il entretenait avec la victime. La justice américaine n’a pas été sourde à ces revendications, puisqu’elle a sursis à l’exécution de la peine capitale qui devait normalement prendre place le 5 mars 2015. Depuis, plusieurs manifestations à l’international visent à soutenir la réouverture du cas de Rodney Reed afin de faire complètement la lumière sur ce cas.