Estela de Carlotto est connue en Argentine pour être la présidente des « Abuelas de la plaza de Mayo », ou « Grand-mères de la place de Mai ». Cette association elle même proche des « Mères de la place de mai » vise à retrouver les petits-enfants que la dictature argentine a enlevés à leurs familles. Ces enlèvements visaient les opposants politiques supposés ou avérés, et se faisaient dans le but de couper les générations de protestataires à la racine en enlevant les enfants pour le présent, et les petits-enfants pour l’avenir, que l’on faisait alors élever par des familles proches du pouvoir en place. C’est dans ce contexte que furent fondées les Grand-mères de la place de Mai, qui continuent aujourd’hui à rechercher activement les enfants séparés de leur famille par les différentes juntes militaires en Argentine. Estela de Carlotto a d’ailleurs reçu pour son action le prix des droits de l’homme de l ‘ONU en 2003 ainsi que le prix Félix-Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix en 2010.

Afin de coordonner leur action et d’améliorer l’efficacité de leurs recherches, les Grands-mères de la place de Mai ont créé en coopération avec des centres de recherche sanguine et génétique tels que ceux de New York, Berkeley… des banques de données visant à établir la filiation de manière sûre. On en est ainsi arrivé à pouvoir déterminer avec 99,99 % de certitude la parenté entre un enfant et une grand-mère, même en l’absence de prélèvement sur les parents. Cette donnée est calculée pour indiquer ce que l’on a appelé l’ « indice de abuelidad », autrement dit le taux de grand-maternité.

La banque de données contient actuellement les profils génétiques de 352 familles, soit plus de 3000 personnes, et a permis de réunir à leur famille 107 des 105 enfants kidnappés à l’époque de la dictature chilienne. La plus grande tristesse de la fondatrice du mouvement restera la perte de sa propre descendance, qui ne s’est jamais réellement effacée malgré la joie et la fierté qu’elle a pu avoir en réunissant d’autres enfants à leur famille d’origine. Toutefois, le vent finira par tourner en faveur d’Estela. En effet, Ignacio Hurban a découvert il y a peu qu’il faisait partie des 500 enfants enlevés par la junte militaire. Il s’appelait en fait à l’originie « Guido », et a été enlevé à ses parents avant que ceux-ci ne soient exécutés par le régime. La nouvelle de ses origines l’a alors poussé à se tourner vers les Grands-mères de la place de Mai auprès de qui il a effectué un test ADN qui s’est révélé correspondre à celui d’Estela de Carlotto. Après plus de quarante ans de lutte, la présidente de l’association qui a permis de rendre de nombreux enfants à leur famille peut enfin se réjouir d’être en face de son petit-fils qui lui a été enlevé plusieurs dizaines d’années auparavant.

Lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grands-m%C3%A8res_de_la_place_de_Mai