Burkina Faso : un test ADN pour la sépulture de Thomas Sankara ?

Depuis des années, la famille du capitaine Thomas Sankara réfugiée en France se bat pour que soit faite la vérité sur ce qui est considéré actuellement comme sa sépulture.La version officielle veut que son corps soit enterré au cimetière de Dagnoën, à l’est de Ouagadougou. Beaucoup doutent cependant de la véracité de ces informations, Me Bénéwendé Stanislas Sankara le premier. L’avocat de la famille Sankara se félicite d’ailleurs de l’avancée du dossier, qui a été bloquée pendant toute la période de la présidence de Blaise Compaoré.

Pour rappel, Thomas Sankara a été président du Burkina Faso entre 1983 et 1987. C’est d’ailleurs lui qui a aboli le nom colonial de ce pays (la Haute Volta) pour le transformer en ce qu’il est aujourd’hui (« Burkina Faso, qui signifie « pays des hommes intègres »). Il reste notamment connu pour ses mesures politiques très sociales, son aversion du néo-colonialisme, et le panafricanisme qui en a découlé. Il a ainsi œuvré pour une alphabétisation massive des populations, une suppression des inégalités tribales, l’accès à l’eau potable, la vaccination généralisée… Cependant, un coup d’État surviendra en 1987, mené entre autres par Blaise Compaoré. Sankara sera assassiné lors de ce soulèvement, tandis que Compaoré prendra le pouvoir. Quelques jours plus tard, ce dernier déclarera Sankara mort de cause naturelle, ce que peu de monde se résoudra à croire.

Comme on peut s’en douter, la famille du défunt Thomas Sankara a dû traverser un réel parcours du combattant en ce qui concerne le corps de l’ancien président burkinabé. Blaise Compaoré restera à partir de 1987 pendant plus de 27 ans au pouvoir. Ce n’est qu’en 2014 qu’un soulèvement populaire l’obligera à démissionner en faveur de Michel Kafando. Durant ces 27 années, Compaoré s’opposera à toute étude approfondie ou tout test ADN de la sépulture de Sankara. La famille de l’ancien président et révolutionnaire burkinabé n’en démordra pas pour autant, et fera alors appel à la Cour Africaine des Droits de l’Homme. Cette dernière donnera raison à la famille Sankara. Néanmoins, la décision bien que judiciaire ne sera suivie d’aucun effet puisque Blaise Compaoré  se refusera systématiquement à accéder à ces demandes.

Puis, la déposition de Compaoré en 2014 fera avancer les choses. Le nouveau président, Michel Kafando, promet alors que « l’État a décidé de donner des moyens à la famille du président Thomas Sankara pour procéder aux travaux de prospection de sa tombe ». La première étape sera donc probablement de procéder à un test ADN sur le corps inhumé à l’emplacement présenté comme la tombe de Thomas Sankara. L’avocat de la famille salue cette mesure du nouveau gouvernement. Il espère également que ce déblocage accélérera grandement la résolution de l’affaire, qui attend déjà depuis 27 ans.

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