L’accouchement d’une mule au Maroc. Une vieille légende veut que l’accouchement d’une mule soit annonciateur de l’apocalypse ; de la même manière que le moment où « les poules auront des dents », personne ne s’attend à voir la chose se réaliser. Pourtant, c’est à 80km de Marrakech que des touristes français en excursion dans les montagnes ont été témoins d’une curieuse scène. Lors d’une balade à dos de mule, l’animal s’est mis à refuser d’avancer, puis à s’allonger sur le flanc. C’est en enlevant les bagages sur le dos de la bête pour la soulager, que les promeneurs ont réalisé que l’animal était en train d’avoir les premières contractions. La mule mettra bas un petit poulain, qui se trouve apparemment dans un aussi bon état de santé que sa mère. Loin d’être anodin, le fait a suscité l’intérêt de toute la communauté internationale scientifique. Depuis 1527, la société muletière britannique n’a relevé que 60 cas d’accouchements de mule dans le monde.

La BBC consacrera même un reportage sur l’événement et surnommera l’animal « Morocco’s miracle mule ». De la même manière que des recherches sur les humains (auxquelles les tests sur cette mule vont servir par ailleurs), il a été effectué sur les deux animaux des tests ADN afin d’en savoir plus. Tout d’abord, un test de maternité a été effectué afin d’établir le lien de parenté entre la mule et le poulain. Ensuite, les profils génétiques ont été établis de manière complète afin d’étudier le patrimoine génétique des deux individus. Il est apparu que la mère mule a un patrimoine génétique mi-âne, mi-cheval, tandis que le poulain qu’elle a enfanté a un profil pour un quart d’origine chevaline, et pour trois quarts venant d’âne. Le test de paternité effectué déduit donc de ce constat que le père est un âne. Génétiquement parlant, les chances de succès sur de tels croisements sont encore plus rares que les chances qu’ont un cheval et un âne de se croiser dans la nature pour donner naissance à un mulet. Du fait de la différence génétique entre les espèces, la mule ou le mulet sont stériles.

Cette considération a notamment servi à contrer les arguments racialistes de certains mouvements extrémistes. En effet, peut-on réellement parler de « race jaune », de « race noire » ou de « race blanche » dès lors que tous ces individus peuvent avoir des enfants en commun ? C’est pourtant ce que l’on pouvait trouver dans des manuels scolaires tels que « Le tour de France par deux enfants », et que la toute naissante génétique des populations contribue à contester. Albert Jacquard explique sur ce sujet que « il y a quelques dizaines de milliers d’années, alors que l’ humanité ne comportait que quelques millions d’individus répartis sur d’immenses espaces, des différences génétiques significatives ont pu s’établir entre les divers groupes, et ceux-ci auraient pu être, à juste titre, répartis entre plusieurs races. Il se trouve que, dans l’état actuel de l’humanité, les échanges multiples et incessants ont enlevé pour le généticien toute signification à une telle classification ». Ainsi, ces tests ADN que l’on peut maintenant demander en ligne pour déterminer son profil génétique ethnique, montrent par exemple qu’un italien du sud est génétiquement deux fois plus proche d’un individu palestinien que d’un individu finlandais (ce qui tend à également réfuter l’idée de « race européenne »).

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